Faune & Flore • 3 avril 2018
Under The Pole étudie la Twilight zone
Les plongeurs de l’expédition #3 étudient la fluorescence et la bioluminescence sous la banquise arctique et rapportent des images à couper le souffle
Under The Pole plonge sous la banquise pour mieux connaître les océans. L’équipe de Ghislain et Emmanuelle Bardout (avec leurs deux enfants, 1 an et 5 ans) se trouve en Alaska. Partant du postulat que pour mieux connaître les océans, il faut comprendre ce qu’il se passe dessous, ils plongent. Sous la banquise. Entre 30m et 150m de profondeur.
Avec 130 entreprises et instituts de recherche partenaires, dont le ministère de l’Education, l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et 150 équipiers, la troisième édition (2017-2020) de l’expédition se donne pour objectif d’étudier la twilight zone ou zone mésophotique. Cette partie de l’océan encore méconnue où la lumière s’atténue jusqu’au noir complet. Au printemps, la goëlette « Why », partie de Concarneau le 18 mai 2017, mettra le cap sur la Polynésie.
Aventure et recherche
L’équipe des expéditions est pluridisciplinaire : plongeurs, marins, alpinistes, ingénieurs, mécaniciens, cuisiniers, caméramans, preneurs de son, réalisateurs, photographes, biologistes, médecins, scientifiques… Quasiment tous sont passionnés, voire diplômés de plongée. Dans cette aventure, la recherche scientifique, le sport extrême et la technique s’unissent. Ancien bras-droit de l’explorateur Jean-Louis Etienne, Ghislain Bardout ambitionne de plonger sans limite de temps. Pour cela, l’ingénieur énergéticien et la skippeuse spécialiste de régions polaires utilisent des scaphandres en circuit court et une cellule sous-marine.
« On part sur une structure rigide, un habitat rudimentaire qui permet à des équipes de plongeurs de rester très longtemps à 40 m de profondeur, de dormir, de manger, de se reposer et de pouvoir sortir travailler plusieurs jours avec des scaphandres recycleurs qui ne font pas de bulles et sont pilotés par l’électronique » a expliqué Ghislain Bardout à l’AFP. « Notre idée est vraiment d’allier les bénéfices des techniques de plongée qui recyclent l’air et ne font pas de bulle à celles des scooters sous marins qui permettent d’aller rapidement, etc. pour repousser les limites de l’exploration » résume Emmanuelle.
Des images de dingue
Durant cet hiver arctique, lorsque l’eau est la plus limpide, Under The Pole travaille avec Marcel Koken, chercheur au CNRS. Il planche depuis vingt sur la bioluminescence (quand les organismes produisent leur propre lumière) et la fluorescence (lorsqu’ils renvoient la lumière emmagasinée).
« Nous souhaitons découvrir comment ce monde polaire brille sous l’eau afin de peut-être trouver des protéines fluorescentes et bioluminescentes encore inconnues par la science. À ma connaissance, nous sommes tout simplement les premiers à les chercher. » s’enthousiasme le chercheur.
Déjà, lors de la seconde édition, au Groënland en 2014-2015, a ramené des images à couper le souffle d’organismes vivants, des fonds sous-marins, des aurores boréales…
En mai, Under the pole cabotera en Polynésie. Le Centre de recherches insulaire (CNRS) y étudiera les systèmes coraliens de la twilight, encore très peu explorés car très profonds. Les plongeurs travailleront avec Eric Clua, vétérinaire originaire du Sud-Ouest, et spécialiste, à Tahiti, des requins. Ils iront à la rencontre des requins marteau et requins bouledogue, victime des activités humaines.