Lifestyle • 7 septembre 2018
Un océan d’amour sur fond de sardine à l’huile
[LA CARTE BLANCHE de...]
... Elodie Vasseur. Une délicieuse histoire sans paroles. "A consommer de préférence avant que l’océan ne fasse plus rêver"
Une fois n’est pas coutume, voilà une lecture au cours de laquelle aucun mot ne sera lu ! Car Un océan d’amour est un conte graphique muet, uneBD vierge de tout phylactère et qui pourtant en dit plus que bien des romans.
Les héros de notre histoire : un gringalet de marin-pêcheur et sa robuste Bigoudène. Voilà un couple que l’on imagine volontiers inséparable, dans une routine pleine de tendresse et un mariage consolidé par quelques décennies de galettes confectionnées avec amour. Les premières planches de l’ouvrage nous rendent attachant ce quotidien minuté et bien bordé, fait de ces gestes mille fois répétés avant que Monsieur ne parte pêcher en mer. Le rituel, l’habitude. Et puis, comme dans beaucoup d’histoire de marins et de Bretagne, Monsieur ne va pas rentrer au port et Madame va l’attendre. Perdu en mer? Elle ne s’y résout pas et décide de partir à sa recherche !
De la Bretagne à Cuba en images
Cette décision prise, tout va basculer et se bousculer ! Le destin va mettre son grain de sel et transformer un quotidien ronronnant en formidable aventure. D’une histoire conjugale toute simple au doux parfum de sardine à l’huile, le lecteur va se trouver projeté au cœur d’une formidable quête qui lui donnera le sourire. Car du plus banal va naître le remarquable : c’est un Autant en emporte l’océan de la Bretagne à Cuba, un Ulysse en ciré et sa Pénélope Bigoudène qui attendent le lecteur au coin de la page !
A mille lieues de leur terre bretonne, voilà nos héros embarqués dans une folle histoire qui prend pour décor les innombrables facettes du monde maritime et ses dérives, tout ou presque y passe : pêche industrielle et surpêche, pollution des océans, piraterie, tourisme de masse sur des paquebots géants… Les séquences se succèdent les unes aux autres, avec un coup de crayon si vivant qu’il rend tout texte inutile tant il sait transmettre les émotions.
Les ingrédients du succès : de l’humour et de l’amour, de l’absurde et de l’aventure, le tout traité avec une simplicité de style diablement efficace, mêlant tout à la fois sérieux et dérision. C’est attachant et tendre, c’est léger et malicieux, plein de poésie, parfois de burlesque et riche en rebondissements. Un récit sorti de l’imagination de Wilfrid Lupano (merci) et servi par le trait de Grégory Panaccione (bravo).
« Océan d’amour »
Scénario de Wilfrid Lupano, dessin et couleur de Grégory Panaccione
Editions Delcourt / Mirages, Parution en octobre 2014, 224 pages
Elodie Vasseur, patronne de La Timonerie
Elodie Vasseur est une passionnée de livres, surtout lorsqu’ils ont le doux parfum du vent, de l’aventure et des grands espaces. Quand elle ne lit pas, elle est attachée de presse. Elle tient le compte Twitter @La_Timonerie (à suivre d’urgence pour passer de bonnes vacances iodées!). « Ici on parle #nautisme #voile et protection de l’#ocean Amour des livres qui prennent le large. »