À la une • 17 juin 2021
The Ocean Race : la sensibilisation à la préservation de la planète
Hier, The Ocean Race Summit Europe a mis en lumière le Pacte vert sous un prisme bleu, en abordant la crise climatique, les “droits” de l’océan et des exemples inspirants de solutions fondées sur la nature à travers l’Europe. Un ordre du jour chargé, avec l’intervention de la présidente de la Commission européenne, de l’ex-président de la République des Palaos, mais aussi de marins et de jeunes leaders.
La gouvernance des océans et de l’eau
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a partagé les engagements forts de la CE pour protéger et restaurer la santé des océans, annonçant que la Commission « mettra à jour son agenda océanique international l’année prochaine » et « concentrera son énergie diplomatique sur la protection des océans ».
Un autre intervenant clé du Sommet était Pascal Lamy, président du Forum de Paris sur la Paix et président de la mission Starfish 2030 de l’UE, qui a parlé de l’objectif ambitieux de la mission Starfish visant à régénérer les systèmes aquatiques de l’UE, y compris les mers d’ici 2030, comme il l’a expliqué : « nous savons que cela fonctionne en système ». Parlant de la nécessité de réorganiser la gouvernance des océans, il a décrit les éléments clés de l’approche de la Mission Starfish, à savoir « un système européen intégré de gouvernance des océans et de l’eau », « une autonomie stratégique maritime de l’UE » et des « assemblées de citoyens ».
Le sommet s’est déroulé dans le cadre de The Ocean Race Europe, qui a débuté le 29 mai à Lorient et se terminera à Gênes, en Italie, ce week-end. Lors du Sommet, de hauts représentants politiques des villes situées sur le parcours ont annoncé leurs engagements, dont le président Loher de Lorient Agglomération, qui a déclaré la mise en place de parcs éoliens flottants en mer, qui contribueront aux deux tiers de l’électricité de la commune d’ici 2030.
La série des Summits a été organisée en collaboration avec 11th Hour Racing, premier partenaire de The Ocean Race et partenaire fondateur du programme de développement durable Racing with Purpose (Naviguer avec du sens).
Richard Brisius, président de course de The Ocean Race, a ouvert le Sommet en expliquant l’ambition de l’événement : « Notre objectif est d’unir les gens pour accomplir l’extraordinaire et contribuer à rétablir la santé de l’océan et de la planète. L’océan reçoit encore trop peu d’attention de la part des dirigeants mondiaux. Nous voulons aider à accélérer le changement qui est désespérément nécessaire. Nous souhaitons que les Sommets aident à conduire des politiques innovantes en faveur de l’océan : une gouvernance efficace, une protection performante et l’atténuation du changement climatique. »
Les droits de l’Océan
Reconnaître le rôle essentiel que joue l’océan dans la santé de la planète et réexaminer notre relation avec le monde marin ont été les thèmes majeurs de l’événement. L’étude de « droits » de l’océan était une priorité à l’ordre du jour, à propos de laquelle certains des plus grands experts mondiaux dans le domaine ont expliqué en quoi cela pourrait aider à offrir un avenir prospère et durable à toute vie sur Terre.
Mumta Ito, fondatrice de Nature’s Rights a déclaré : « Les droits de la nature sont notre droit le plus fondamental, mais ils sont absents du système juridique. Une idée fausse largement répandue consiste à penser que c’est la nature contre les humains ». Valérie Cabanes de End Ecocide on Earth plaide pour que l’écocide soit ajouté à la liste des crimes internationaux, expliquant : « Nous devons reconnaître les droits de la nature à exister, évoluer, se régénérer, et à ne pas être polluée ».
La Mar Menor, dans la Région de Murcie, en Espagne – la plus grande lagune salée d’Europe – a été présentée comme exemple pour illustrer la nécessité d’établir des droits car, malgré sa protection, l’eau continue d’être polluée. Teresa Vicente Giménez, professeure de philosophie du droit à l’Université de Murcie et défenderesse des droits de la nature, milite pour que Mar Menor ait les mêmes droits que les entités commerciales et les sociétés qui la polluent. Elle a déclaré : « Nous devons reconnaître la vérité écologique que la nature n’appartient pas aux êtres humains, mais que les êtres humains sont une espèce de plus qui appartient à la nature. »
Carl-Henric Svanberg, Président de la Table Ronde européenne des industriels, a évoqué l’importance de donner des droits à la nature. « Nous avons la responsabilité totale de vivre en harmonie avec la nature. Donner à l’océan des droits légaux est absolument essentiel. L’océan n’appartient à personne, il appartient à tout le monde, mais cela signifie aujourd’hui qu’il n’a aucun droit. »
Les voix de la voile
Le Sommet a permis de partager les perspectives uniques des marins, grâce à leurs expériences inégalées de l’océan, et de mettre en évidence le pouvoir du sport dans la conduite du changement.
Annie Lush, navigante à bord de Offshore Team Germany, a expliqué à quoi ressemble la vie en haute mer et comment les coureurs au large aident les scientifiques à comprendre les systèmes climatiques et météorologiques. Elle a appelé à une meilleure compréhension de ce qui constitue le plus grand habitat au monde : « Le problème pour l’océan, c’est qu’il n’a pas de voix pour se faire entendre et qu’il est hors de vue, hors de l’esprit. Il est très facile de l’ignorer… Tout ce qui est fondamental dans notre vie doit avoir une voix. »
Au cours de l’événement, Mark Towill, CEO de 11th Hour Racing Team, a dévoilé la Sustainability Toolbox – une suite de guides, d’outils et de modèles – destinée à toute organisation souhaitant mettre en place son propre programme de développement durable, afin de réduire son impact sur la planète.
La protection des Océans
En tant que pays à la pointe de la protection des océans, en faisant de 80 % de ses eaux un sanctuaire marin national, l’archipel des Palaos a réussi à protéger son environnement marin, tout en créant des réserves de poissons sains et durables. Tommy E. Remengesau, ex-président de la République des Palaos, a déclaré lors du Sommet : « Les pays doivent avoir des lois plus fortes et solides pour protéger leurs eaux, leur environnement et leur population. Nous ne devons pas être gourmands, nous devons penser à nos enfants. »
Des solutions fondées sur la nature
Le Summit a mis en lumière des projets de carbone bleu à travers l’Europe afin d’inspirer une plus grande mise en oeuvre de solutions fondées sur la nature, dont “Green Gravel”, une initiative visant à restaurer le varech (les « forêts oubliées de nos océans ») actuellement testée à Cascais, au Portugal. Les participants du Sommet – dont des acteurs des gouvernements, de la science, de l’industrie, des ONGs, des médias et du sport – ont aussi découvert l’existence d’une application, utilisée dans la destination touristique animée de Formentera, à Ibiza, qui indique aux marins où ils peuvent jeter l’ancre pour éviter les herbiers marins.
Des défenseurs passionnés des océans travaillant avec la Youth Policy Action Coalition, qui fait partie de la Sustainability Ocean Alliance, et d’autres voix de la jeunesse du monde entier ont également lancé des appels ardents à passer à l’action.
Approuvé par la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable, le Sommet bénéficie du patronage de Virginijus Sinkevičius, Commissaire européen à l’Environnement, aux Océans et à la Pêche. Les Summits soutiennent l’objectif de développement durable 14 des Nations Unies (ODD 14) visant à conserver et à utiliser de manière durable les océans, les mers et les ressources marines.
Le Sommet, qui s’est tenu virtuellement, sera disponible sur la chaîne YouTube de The Ocean Race: Racing with Purpose à partir du jeudi 17 juin.