Économie • 13 février 2018
Refit de yachts, Bordeaux et La Rochelle couvrent leur forme
Sur la façade atlantique sud, les deux pôles de maintenance de grands yachts se dotent d’un outil indispensable
Bordeaux et La Rochelle veulent profiter du marché du refit de yachts en pleine expansion. Chacun de ces deux ports compte un pôle de maintenance et de refonte de grands yachts, celui de La Rochelle ayant pris une longueur d’avance sur son voisin.
Bordeaux tente de rattraper son retard
Le regroupement d’entreprises Bordeaux Superyachts Refit continue de recruter des métiers très techniques afin de pouvoir offrir à ses clients le panel de spécialistes nécessaires à cette activité de pointe. Le cluster bordelais compte une cinquantaine d’entreprises dans les secteurs comme la peinture, électronique, hydrolique, chaudronnerie, motoriste, tuyauterie, etc. « Nous avons besoin de spécialités de niche » précise le président du Bordeaux Superyachts Refit, Thierry Lausseur, gérant de la société d’ingénierie et de conseil Cerenis. Pour le moment, la cinquantaine d’entreprises du cluster bordelais est en mesure d’assurer « 80 % du travail à réaliser sur un yacht » détaille Thierry Lausseur. La filière étant naissante, les premières entreprises à en faire partie pourront se placer. Objectif : plusieurs dizaines de millions d’euros et des centaines d’emplois directs créés, « mais il est difficile de chiffrer cela aujourd’hui ». Sachant que, dans ce secteur qui opère pour beaucoup grâce à des sous-traitants, on estime qu’un emploi engendre quatre emplois indirects créés ou maintenus.
Thierry Lausseur insiste sur la qualité et le sérieux qui requiert le secteur des grands yachts. Ce sont des marchés à très haute valeur ajoutée, de plusieurs dizaines de milliers d’euros, les clients sont très exigeants. « Il faut s’imprégner de l’univers maritime. Mais, souligne-t-il, la base de tout reste de parfaitement maîtriser son métier. »
La forme de radoub n°2, à Bordeaux près des bassins à flot, du Grand port maritime de Bordeaux (sur les trois que compte l’établissement) sera couverte. Un outil indispensable pour les professionnels. Le permis de construire a été délivré en novembre. Les travaux devraient débuteront à l’arrivée d’un bateau car la forme sera couverte à chaque arrivée et découverte au départ de celui-ci. « La ville et la métropole doivent être facilitateurs du développement de cette filière » avait indiqué Virginie Calmels, adjointe au maire de Bordeaux en novembre lors de l’assemblée générale de Bordeaux Superyachts Refit.
Si la filière de refit bordelaise se donne pour objectif de passer à la vitesse supérieure en 2018, elle sera aidée par de nouvelles infrastructures comme un nouveau ponton en plein coeur de ville devant le quartier huppé des Chartrons, davantage de pontons sur la Garonne et les postes à quai qui devraient reliés à l’assainissement, à l’eau et à l’électricité. Bordeaux entend en outre parier sur la proximité des entreprises de pointe dans l’aéronautique pour étoffer son offre de services de refit. « Les ponts entre les deux secteurs sont nombreux, précise Thierry Lausseur. Développer au secteur maritime le savoir-faire de l’aéronautique apportera un plus à Bordeaux. » Le conseiller régional Philippe Dorthe suggère de tisser des liens avec l’Aérocampus « pour développer la formation dont bien des pans sont communs entre l’aéronautique et le maritime ».
La Rochelle investit 14 millions d’euros
La Rochelle dispose d’un pôle refit pour la plaisance et les yachts de plus de 80 mètres, Atlantic Refit Center, retenue par le Grand Port maritime pour développer cette filière. Pour couvrir sa cale sèche, CBCW (structure de financement détenue par Compositeworks à hauteur de 60% et par le Grand Port Maritime de La Rochelle pour 40%) investira 10 millions d’euros sur un total de 14 millions. La construction débutera en juin ou juillet prochain. A côté de la forme de radoub couverte un bâtiment pourra accueillir les équipages. L’objectif d’Atlantic Refit Center est de créer 70 emplois dans 5 ans. Compositeworks est le n° 2 mondial du refit de mégayachts implanté à La Ciotat (Bouches du Rhône). A La Rochelle, ce projet est mené en étroite collaboration entre le Grand Pot Maritime et la communauté d’agglomérations.
Gaëlle Richard