Découverte & Recherche • 24 janvier 2020
On connait mieux le sol de la Lune que nos fonds marins
L’être humain a une capacité à polluer, avec des conséquences qui peuvent devenir graves, voire dramatiques. Il pollue sa planète, ses océans, et bien au-delà il pollue également l’espace.
Cet espace dans lequel il place de nombreux objets pour tous ses gestes du quotidien, et qu’il connaît bien mieux que ses propres fonds marins.
Mais pourquoi ?
Les activités spatiales à l’origine de nombreuses pollutions
Elles polluent la Terre (les mers et océans, ainsi que l’air) mais, aussi, l’espace extra-atmosphérique (en l’occurrence avec les débris spatiaux). Des dispositions internationales visent d’ailleurs depuis quelques années à réduire l’impact des activités spatiales sur l’environnement.
La pollution terrestre est largement provoquée par les lancements des fusées, avec notamment leur carburant, l’ergol. Sans compter des satellites contenant des substances toxiques et qui, en cas d’accident, peuvent retomber dans l’atmosphère (exemple du Cosmos 954, dont le réacteur nucléaire se désintègre en 1978 au-dessus du Grand Nord canadien…)
La retombée des débris spatiaux est un pôle de pollution important, et notamment dans les mers et les océans.
Quelles sont les règlementations ?
Un Traité de l’Espace contient des dispositions relatives à la protection des corps célestes et de la Terre. Il a pour but d’ « éviter les effets préjudiciables de leur contamination ainsi que les modifications nocives du milieu terrestre résultant de l’introduction de substances extraterrestres ».
Autrement dit, rien de bien précis. Et l’homme continue à envoyer tout ce qu’il souhaite dans l’espace, et à utiliser des moteurs nucléaires, sans même prendre en compte les résultats sur les océans. Il se « contente » de prévoir une indemnisation de l’État pollueur sur l’État pollué.
Le droit français prend en compte les dommages environnementaux, et notamment à travers l’activité spatiale, comme atteinte à la santé publique ou à l’environnement. L’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) surveille notamment les animaux autour des sites de lancement des fusées en Guyane. Les autorisations de lancement sont soumises à des garanties morales, financières et techniques pour assurer la sécurité des personnes et de l’environnement.
« On connaît mieux la surface de la Lune que la surface des fonds marins »
Cette phrase de James Gardner devenue célèbre date de 2001. Ce scientifique américain a étudié les canyons sous-marins et les courants de fond océanique. Il est vrai que l’exploration des fonds marins est coûteuse. Mais il en est de même de la conquête de l’espace…
Le Professeur Dutrieux, chercheur en physique océanique et climatique expliquait cet état de cause en 2019 de cette façon : la surface de la Terre, de la Lune ou de Mars sont éclairées par le soleil et les ondes radio. Elles sont donc plus facilement observables. On peut, à l’aide de satellites, couvrir rapidement de grandes distances pour cartographier ces espaces.
Par contre, l’eau est un milieu différent de l’air, dans lequel il est bien plus compliqué de diffuser des ondes électromagnétiques. C’est la raison pour laquelle l’océan profond est noir. En outre, on ne peut utiliser les téléphones portables sous l’eau.
Les méthodes pour « voir sous l’eau » sont différentes, et il faut utiliser des ondes acoustiques, avec un navire par exemple, qui sera moins rapide qu’un satellite. Cartographier les océans est donc plus laborieux que cartographier la Terre depuis l’espace.
Mieux connaître les océans est un impératif pour les protéger efficacement. Cependant, la somme de nos connaissances à leur sujet n’est pas toujours liée à sa meilleure préservation. Car, au fond le vrai problème est là : même si l’homme prenait le temps d’observer le fond des océans, quelles leçons en tirerait-il vraiment ?