Découverte & Recherche • 20 août 2020
L’Odyssée du Kon-Tiki et l’hypothèse d’Heyerdahl : confirmé la science et l’ADN ?
Les croisements entre Amérindiens et Polynésiens, entre science et théorie.
Les croisements entre Amérindiens et Polynésiens ont été démontrés par la génétique. Les analyses ADN se conforment aux dires de l’anthropologue Thor Heyerdahl. Il nous reste à savoir lequel des deux tribus a effectué cette étonnante traversée du Pacifique.
Bref historique de Thor Heyerdhal avec le Kon-Tiki
L’anthropologue norvégien Thor Heyerdahl et sa femme Liv ont débarqué, en Polynésie Française, à Fatu Hiva en 1937, pour leur lune de miel. Le couple a prolongé son séjour, car Thor s’est lancé dans l’étude des légendes locales selon laquelle les habitants de l’île viendraient du Soleil-Levant.
Dix ans plus tard, Thor arrive au Pérou sur un radeau de balsa dénommé « Kon Tiki » pour montrer à tous que le voyage d’Est en Ouest est chose faisable. Après 101 jours de navigation, lui et ses 5 compagnons échouent sur une île corallienne des Tuamoto au terme d’un parcours mouvementé et plein de surprises. Ainsi, ils apportent une preuve rutilante de la possibilité d’un tel circuit. L’Odyssée du Kon-Tiki deviendra alors un mythe qui connait un réel engouement jusqu’à aujourd’hui. Cependant, les Académies continuent de se débattre avec l’hypothèse d’Heyerdahl.
Quelles étaient les hypothèses qu’il avait formulées ?
La théorie la plus convaincante est que le Pacifique a été traversé et colonisé par les nomades de la mer. Cette colonisation de la civilisation Lapita a duré sur une période allant de 1 500 avant JC jusqu’à la fin du XIVème siècle.
Une étude menée par le laboratoire national de génomique d’Irapuato au Mexique, diffusée le 9 Juillet dernier dans « Nature » vient appuyer cette intuition de Thor. Celle-ci compare les haploïdies de 807 personnes qui sont natifs des 17 îles du Pacifique et de 15 groupes amérindiens issus de la côte du Pacifique. Leur ADN a révélé qu’il existe bel et bien un métissage entre les deux peuples au début du XIIIème siècle, c’est-à-dire plusieurs centaines d’années avant l’embarquement des commerçants et missionnaires européens.
Quelles sont les découvertures des chercheurs de Stanford ?
Le postdoctorant, Alexander Ioannidis, de l’Université de Stanford et ses collègues ont également mis en avant des croisements entre les Amérindiens et les Polynésiens vers 1 200 après J.C, à l’époque où les Polynésiens exploraient les derniers confettis du Pacifique.
Alors, Thor Heyerdhal se serait-il ou non trompé ? Personne ne peut affirmer que les Polynésiens se sont rendus en premier aux Amériques et les ont quittées avec une consanguinité amérindienne ou si ce sont les Amérindiens qui ont atteint la Polynésie comme le pensait Thor. Mais ce qui est certain, c’est qu’un contact a été établi, affirme Alexander Ioannidis.
Que cela signifie–t-il ?
Cela veut dire tout simplement que les portées culturelles amérindiennes ont peut-être été retransmises dans la Polynésie lointaine, selon la théorie Heyerdahl. L’analyse de l’ADN s’aligne à des indices d’un autre univers mêlant ainsi botanique et linguistique. La note de certains chercheurs sur la patate douce a affirmé que cette dernière était originaire des Amériques et qu’elle servait exclusivement à la culture.
Ce légume a ensuite été introduit en Polynésie plusieurs siècles avant que les navigateurs européens n’ont abouti au Pacifique. Par ailleurs, l’appellation « kumara » de la patate douce en langue polynésienne est similaire au nom autochtone utilisé dans les langues du Nord-Ouest de l’Amérique du Sud.