Environnement • 6 juillet 2019
L’impact des équipements de pêche perdus en mer
640 000 tonnes d'équipements de pêche dériveraient en mer.
Nous disposons actuellement de connaissances très complètes des effets directs de la pêche ainsi que de la pollution plastique sur les environnements marins : surexploitation des ressources, disparition progressive de nombreuses espèces, pêche accidentelle de tortues marines et de dauphins, ingurgitation de déchets et intoxication de l’ensemble de l’écosystème… Cette triste liste ne cesse de s’allonger d’année en année, et est encore accentuée par une situation encore peu médiatisée : la perte des équipements de pêche en pleine mer.
Un phénomène à l’ampleur grandissante
La perte des équipements de pêche peut se traduire de plusieurs manières : pièges à crustacés abandonnés, filets de pêche détériorés directement jetés à la mer, etc. Cette situation, couramment nommée « pêche fantôme », représente une problématique d’envergure : on estime qu’à l’heure actuelle, ces déchets représenteraient près de 10 % des déchets présents en mer, soit 640 000 tonnes d’équipements qui dériveraient actuellement au sein des espaces maritimes.
Les filets maillant perdus en mer sont particulièrement dévastateurs pour les écosystèmes des mers et océans. Ces filets de pêche ont la particularité de former un véritable mur vertical : le bas du dispositif est ancré dans le fond marin, tandis que le sommet se dresse à la surface grâce à un système de bouchons flotteurs. Dans le cas d’abandon ou de perte de ces filets en pleine mer, ces derniers poursuivent leur mission première, et attrapent sans distinctions des petits poissons jusqu’aux plus gros mammifères.
Les pièges à crustacés sont également dans la ligne de mire des organisations écologistes : en Guadeloupe par exemple, près de 20 000 pièges à crabe sont perdus en mer chaque année. Ce montant grimpe à 150 000 pièges perdus chaque année au sein de la baie de Chesapeake aux États-Unis.
Les conséquences sont multiples : la pêche accidentelle et continuelle de nombreuses espèces et la détérioration des fonds marins sont ainsi décriées par les organisations de protection des océans.
La surpêche à l’origine de la catastrophe
Selon le rapport de l’Organisation la FAO et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) publié en 2009, l’ensemble des pratiques de pêche sont en cause. En effet, l’accentuation du phénomène de surpêche introduit une augmentation proportionnellement égale du nombre des équipements de pêche perdus en pleine mer. Même la pêche durable est accusée de participer à cette pollution : les filets synthétiques plus résistants, utilisés à cette fin, mettent encore davantage de temps à se détériorer et ne font qu’aggraver la situation.
M. Ichiro Nomura, Sous-directeur général de la FAO responsable du Département des pêches et de l’aquaculture, a affirmé que des mesures préventives et de nettoyage doivent être mises en place dans la plus grande des urgences. Ainsi, incitations financières, estampillage des équipements, comptabilisation des équipements perdus et nouvelles technologies doivent être mobilisées afin de pallier à ce phénomène.
Des initiatives pour limiter ce phénomène
Plusieurs projets se sont montés avec pour idée de réduire ces déchets laissés en mer. C’est d’ailleurs le cas de Bureo, qui s’est fait connaitre en réutilisant ces filets de pêche pour en faire des skates.