Économie • 30 janvier 2019
Les navires autonomes de la start-up française basée en Californie
Trois Français installés dans la Silicone Valley sont en passe de rendre autonomes les cargos géants, en partenariat avec CMA-CGM
Le cargo autonome n’est pas de la fiction. Il est même en passe de fonctionner. Et pas sur de frêles esquifs mais bien sur les porte-conteneurs de la CMA-CGM. La start-up française Shone, basée en Californie, teste son système sur les plus imposants navires de la planète grâce à un partenariat avec la compagnie maritime française.
Qui sont ces Français?
Antoine de Maleprade, Ugo Vollmer et Clément Renault sont les trois cofondateurs de Shone. Ils se sont connus lors de leurs études à Paris, notamment à l’École Nationale des Ponts et Chaussées. Ils se sont tous installés en Californie, y ont débuté leur vie professionnelle. Tous travaillaient dans l’analyse et le traitement des données, le développement de solutions pour la robotique et les véhicules autonomes.
En moins de six mois, ils fabriquent des maquettes, des prototypes, lèvent des fonds, démissionnent.
Les trois ingénieurs travaillaient sur des sujets complémentaires, en lien avec le véhicule autonome. Ils comprennent qu’un marché se profile sur le navire autonome. Ils s’associent. En moins de six mois, ils fabriquent des maquettes, des prototypes, lèvent des fonds, démissionnent et fondent Shone en août 2017. En mars 2018, la CMA-CGM leur permet d’embarquer leur système de collecte de données à bord de l’un de ses porte-conteneurs.
Le navire autonome selon Shone
Le coeur du système est de proposer une aide à la navigation, à la décision, au pilotage et de sécurité maritime. Il ne s’agit pas d’ôter l’homme des passerelles de commandement, selon Shone, mais bien de lui permettre de gagner du temps pour qu’il se consacre aux tâches précises et complexes de courte durée. Les tâches longues et répétitives étant alors confiées à l’intelligence artificielle. Dans la revue Jeune Marine, l’un des fondateurs, Clément Renault, précise que, pour Shone, « l’autonomie [n’] a [que] peu d’intérêt sur la réduction du nombre de personnes à bord mais trouve tout son sens dans l’efficacité » améliorée de l’humain.
Concrètement: une passerelle mobile
Shone proposera un système (utilisable sur une tablette ou tout autre terminal portable) permettant à l’officier de quart d’être plus alerte dans ses décisions.
« En utilisant ce «portable integrated bridge», le temps est optimisé et les temps morts à contempler l’horizon sont diminués. »
Selon Clément Renault, interrogé par Jeune Marine, « l’interface Shone va recommander à l’Officier de Quart la meilleure solution à adopter pour éviter une situation dangereuse. Au lieu d’émettre une alerte, le système propose et, l’Officier dispose. » En outre, l’interface pourra prendre « le contrôle du navire en effectuant un changement de cap associé à une réduction de vitesse, si aucune réaction humaine n’est détectée ». Il fait alors référence à l’accident du nord de la Corse entre deux navires marchands alors que l’un était au mouillage.
La transformation digitale de la CMA-CGM
La compagnie française de transport maritime a entamé une transformation digitale. Elle permet donc à Shone d’embarquer des systèmes de collecte de données. Ensuite, celles-ci seront analysées à San Francisco au siège de la start-up. L’objectif pour la compagnie: « finaliser le développement d’un système d’intelligence artificielle à bord des porte-conteneurs ». Elle espère améliorer son efficacité grâce à ces nouvelles technologies. « En termes de sécurité et d’alerte anticollision, par exemple, Shone travaille à la fusion de données provenant de multiples sources (radar, caméra, AIS, etc.) afin d’accroître la précision globale de la détection et ainsi à empêcher toute collision » détaille la CMA-CGM.