Faune & Flore • 26 juin 2019
Les crèmes solaires, un poison pour les coraux
Les coraux sont le symbole des paysages aquatiques, et font partie, dans l’imaginaire collectif, des joyaux de notre planète.
Ils recouvrent environ 0,2% de la surface des océans, et constituent un refuge pour 30% des espèces marines. Colorés et protecteurs, ils jouent un rôle majeur dans l’équilibre de la biodiversité et aident à limiter l’érosion des côtes. Et pourtant, la menace qui pèse sur les massifs coralliens du monde est immense. En proie au blanchissement, ils sont menacés d’extinction, emportant avec eux toute une diversité aquatique.
Une menace chimique
Le corail, évocateur d’images paradisiaques, est composé d’animaux de type cnidaire (groupe d’espèces animales aquatiques simples dont les méduses). C’est leur exosquelette qui leur confère cette forme si caractéristique des barrières de corail. Fragiles, les récifs coralliens sont malheureusement les victimes de la main de l’Homme. Déjà lourdement dégradés par les activités portuaires, la pêche au cyanure ou encore l’acidification et le réchauffement des eaux, les récifs sont également soumis à une pollution insidieuse, sortie tout droit des tubes de crème solaire. Afin de lutter activement contre les méfaits du soleil, les fabricants ont adapté leurs formules afin que leurs produits résistent à l’eau et garantissent une protection de la peau contre les UV pendant plusieurs heures. Mais cette efficacité va hélas de pair avec des formules chimiques complexes, ayant recours à des composés toxiques (l’oxybenzone, l’octinoxate et l’octocrylène) qui viennent perturber la reproduction des coraux.
Chaque année, ce sont 14 000 tonnes de crème qui sont déversées dans les mers et dans les océans. Qu’il s’agisse de produit étalé ou vaporisé sur la peau, il se retrouve inexorablement avalé par les eaux toutes proches.
Vers une interdiction des substances responsables
Certaines régions du monde, comme l’état d’Hawaï et les îles Palaos, ont d’ores et déjà interdit la vente de cosmétiques contenant les composés visés . La France n’est pas en reste, puisque la secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, a lancé l’été dernier une mission visant à protéger les massifs coralliens de l’impact des cosmétiques, avec pour objectif de supprimer des crèmes solaires certaines substances chimiques jugées nocives pour les récifs. Des listes de produits garantis sans produits toxiques pour les coraux sont publiées sur le site du Haereticus Environmental Laboratory (http://haereticus-lab.org/certified-products/). En attendant, respectons les règles de bon sens en évitant les longues expositions au soleil…