Insolite • 3 juillet 2018
Les braconneurs de pouce-pieds pris la main dans le sac
En Gironde, 110kg de mollusque pêché illégalement ont été interceptés par la douane d'Arcachon
Ils sont laids, soyons honnêtes, mais sont très prisés par la gastronomie espagnole. Les pouce-pieds, ces crustacés à l’allure indéfinissable fixés aux rochers, valent cher. Si on a comme une légère impression d’avoir dans l’assiette une griffue patte de pachiderme, le pouce-pied se cuisine et fait des adeptes (si, si!). Tant et si bien que, la brigade des douanes d’Arcachon vient d’effectuer une saisie record de pouce-pieds braconnés. Les voleurs ont été arrêtés au péage de Saugnacq-et-Muret dans un véhicule en direction de l’Espagne.
Une cargaison à 7.200 euros
Les trafiquant de pouce-pieds prévoyaient de revendre la marchandise de crustacés sur le marché local espagnol où il prend le nom de « percebes ». Parce qu’on ne joue pas avec la nourriture et, surtout, parce que c’est illégal (cette espèce est menacée), la cargaison, dont la valeur est estimée à 7.200 euros, a été saisie et remise au service maritime et littoral de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de la Gironde qui procédera à sa destruction. La préfecture de la Gironde précise que « la cargaison a été rendue impropre à la consommation ».
Déjà, en septembre 2016, toujours en Gironde (où le trafic de « pibale », l’alevin d’anguille, est un sport national), 170 kg de cette espèce avaient déjà été interceptés par les douanes de Bordeaux au péage de Virsac.
Une ressource fragile
Ce mollusque, que nos ancêtres du Moyen-Age croyaient être de jeunes oiseaux nés d’excroissances d’arbres magiques, est en fait un crustacé dont la pêche est très strictement encadrée tant il s’agit d’une ressource fragile et peu abondante. Il se pêche en majorité sur les côtes Bretonnes où la pêche de loisir est limitée à 5 jours identifiés par mois, du lever au coucher du soleil, et à 3 kg par pêcheur. En France, il est majoritairement produit à Belle-Île-en-Mer et en Espagne, en Galice. La majeure partie de la demande vient du marché espagnol, estimée à 2.000 tonnes par an, l’Espagne est le principal importateur mondial.
Sa consommation est donc très prisée en Espagne et au Portugal où il atteint des prix de revente oscillant entre 70 et 150 euros/kg. Depuis plusieurs années, un important trafic existe entre la France et ces deux pays.
Du coup, la préfecture de la Gironde n’est pas peu fière d’avoir démantelé le trafic de pouce-pieds.
Braconnage de #poucespieds : saisie record de 110kg en #Gironde réalisée par la brigade des douanes d’Arcachon (valeur estimée : 7200€). Cette opération montre la détermination de l’Etat à lutter contre le braconnage d’espèces sensibles ou protégées ➡ https://t.co/a2Oge0VPAM pic.twitter.com/gei4IqUtIx
— Préfet de Nouvelle-Aquitaine, préfet de la Gironde (@PrefAquitaine33) 28 juin 2018
Au court-bouillon, à la portugaise
Avant de se lancer en cuisine, il faudra savoir comment décortiquer la bête et la cuire.
Les pouce-pieds, au goût de langouste/crabe/crevette selon les avis, sont cuisinés comme de crustacés. Dans leur plus simple appareil: 5 à 10 minutes plongés dans l’eau bouillante, à déguster tièdes ou froids, avec du citron et de la mayonnaise. Certains les préfèrent à la crème d’ail, d’autres selon la recette la plus habituelle, à la portugaise, c’est-à-dire au court-bouillon avec du piment d’Espelette. Il peut se déguster accompagné d’une petite sauce à base de mayonnaise et de rondelles de radis. Le chef Eric Guérin les propose même avec une vinaigrette à la fraise des bois et une émulsion marine à la laitue de mer.
Bon appétit bien sûr!