Glisse • 18 décembre 2018
Le surf aux Jeux Olympiques : l’explosion ?
[LA CARTE BLANCHE de...]
...Hugo Verlomme, écrivain de la mer. Il vient de publier "Demain, l'océan"
De toute évidence, il y aura, pour l’histoire du surf, un avant et un après son entrée aux Jeux Olympiques. Ce serpent de mer est enfin sorti de l’eau et n’a pas fini de faire parler de lui. En effet, le surf sera intégré pour la première fois aux prochains JO d’été au Japon en 2020.
Développement économique fulgurant
La petite ville d’Ichinomiya, choisie pour accueillir ces épreuves, est un spot de surf bien connu sur la côte pacifique japonaise. Un reportage de Paul Carcenac pour Le Figaro nous montre que depuis cette annonce, la petite ville (anciennement agricole et en déclin) est en plein boom économique et démographique grâce au surf et à l’image qu’il véhicule. L’économie du surf y pèse déjà plus de 25 millions d’euros et la ville gagne 500 habitants par an, ce qui est exceptionnel dans le pays. Avec les JO, le surf au Japon va enfin apparaître sur la scène mondiale et ce pays, riche de 29 751 km de littoral et de nombreuses belles vagues, a l’intention d’en faire un puissant argument touristique.
En France en 2024
L’effet de loupe sur un nouveau sport présenté aux JO est tel qu’il aiguise déjà tous les appétits. Or, les JO de 2024 ont été attribués à la France, avec le surf en prime. Reste la grande question à x millions d’euros : sur quelles vagues de Nouvelle-Aquitaine se dérouleront les épreuves de surf ? Les enjeux sont colossaux. On parle d’une alliance sacrée Landes/Côte basque et des projets de vagues artificielles fleurissent au pays Basque, dans les Landes, près de Bordeaux, et même à Paris ! On le voit, les effets cumulés de l’avant et de l’après JO vont peser très lourd dans la balance.
Sans foi ni loi in the swell
Les vagues les plus connues de nos côtes sont déjà surpeuplées et la cohabitation dans l’eau est difficile, sans foi ni loi. Après les JO de 2024, le surf va pleinement devenir un sport de masse, surtout dans le pays hôte, la France, avec ce que cela implique comme pression sur le milieu naturel et humain. Les plages choisies deviendront des lieux de pèlerinage pour tous les fans de la planète. Une aubaine ou un désastre ? Une chose est sûre, c’est que cette évolution sociétale du surf doit nous interroger sur l’état des lieux.
Des États généraux des plages
C’est pourquoi, si l’on souhaite préserver un tant soit peu l’esprit du surf et surtout l’environnement, il devient urgent de créer des états généraux des plages qui nous permettent de remettre à jour la gestion de ces espaces, du surf et des baignades. Nos principes actuels de surveillance datent de la fin du XXe siècle et ne sont plus du tout adaptés aux nouvelles pratiques, à une fréquentation grandissante été comme hiver, au changement climatique, à la métropolisation des plages, à l’utilisation du digital, alors même que nous avons, sur le littoral néoaquitain, parmi les meilleurs sauveteurs au monde, et que la France excelle dans les compétitions de sauvetage-côtier.
Se préparer au déferlement
Il faut dès maintenant prendre la mesure (démesure) de ce saut quantique qui va se produire dans les six ans à venir, et nous préparer à l’arrivée de ce train fou du surf sur nos plages. C’est pourquoi il n’est pas trop tôt pour mettre en place dès maintenant une nouvelle gouvernance de ces activités et de leur répercussion sur le milieu. Il est urgent d’éduquer le public, les jeunes en particulier, de faire de la prévention et de la sensibilisation à l’environnement littoral.
Le tournant que nous devons prendre, celui qui transforme les cercles vicieux en cercles vertueux, c’est celui des sciences participatives, grâce auxquelles des simples passionnés de l’océan peuvent devenir des relais utiles pour les chercheurs et les scientifiques afin de mieux connaître, respecter et protéger l’océan.
Hugo Verlomme, écrivain de la mer
Hugo Verlomme vit dans les Landes, à Capbreton. Il écrit sur la mer, les océans, le rapport de l’homme à l’élément marin et le surf depuis 1976. Il a publié une trentaine d’ouvrage dont le roman « Mermere »(JC Lattès, Prix Fiction 1978) ou les sept éditions (en 20 ans) du « Guide des voyages en cargo ».
Ecrivain jeunesse, ses romans sont étudiés dans les collèges, comme le best-seller « L’Homme des vagues » (Gallimard Jeunesse) ou « Samouraï Océan ».
Hugo Verlomme intervient dans les établissements scolaires et dans les médias, très sollicité, pour faire passer son message. Il diffuse du contenu sur sa page Facebook et présente ses ouvrages sur son site.