Environnement • 5 février 2019
Le Sénat repousse l’interdiction des pailles et touillettes en plastique
L'interdiction de certains objets en plastique ne sera pas effective en 2020 mais en 2021
Le Sénat repousse d’un an l’interdiction de vente d’objets en plastique tels que les pailles ou les touillettes. Cette interdiction sera effective au 1er janvier 2021, au lieu de 2020. Les sénateurs ont voulu aligner la loi française sur la loi européenne, pour ne pas défavoriser l’industrie plasturgique tricolore. Le gouvernement craint de placer, durant une année, les entreprises françaises en position de concurrence défavorable par rapport aux entreprises européennes non soumises à cette interdiction.
Gobelets et assiettes: fin en 2020
Pour les gobelets et assiettes en plastique, l’interdiction entrera en vigueur le 1er janvier 2020. La loi de transition énergétique, en 2015 et la loi Biodiversité, en 2016, prévoient l’interdiction des gobelets et assiettes plastiques dès 2020. Sur ces produits, les entreprises ont eu le temps de s’adapter, ont estimé les sénateurs.
Pailles et touillettes: fin en 2021
Pour les pailles et touillettes, il faudra attendre une année supplémentaire pour touiller son cocktail avec un ustensile biodégradable. A priori, il ne s’agit que d’un petit outil uniquement destiné à boire ou touiller. Rien d’indispensable à la survie de l’humanité! Pourtant la fabrication des pailles et touillettes induit des emplois. 1.500 à 2.000 postes seraient menacés dans le secteur de la plasturgie, selon la commission spéciale. Parallèlement, selon un rapport d’Ocean Conservancy datant de 2016, cet accessoire est le cinquième déchet le plus ramassé en bord de mer.
Contre l’interdiction
D’autres sénateurs, estiment qu’il est nécessaire de laisser une année de répit à l’industrie plasturgique française pour s’adapter. « Avoir un travail n’est quand même pas quelque chose de négligeable », a plaidé le socialiste Jean-Pierre Sueur, concerné par la présence de cette filière industrielle dans son département du Loiret.
Pour l’interdiction
Parmi les sénateurs, certains ont plaidé l’interdiction en 2020. Le sénateur Bernard Jomier (apparenté PS) a mis en garde contre le «syndrome Kodak», du nom du célèbre fabricant de pellicules photo, connu pour avoir mal négocié le virage du numérique dans les années 2000. « Des industries hésitent à sauter le pas […] Des alternatives existent. […] D’autres pays ont pris de l’avance. À regarder vers le XXe siècle, nous allons rater cette transition », a averti le sénateur de Paris.
Cinq ONG (Zero Waste France, Surfrider Foundation Europe, Cantine sans plastique, No plastic in my sea, Bas les pailles) dénoncent un « recul incompréhensible face à l’urgence de la crise de la pollution plastique ».
Gaëlle Richard