Environnement • 20 février 2023
Le rôle de l’océan sur le climat
Françoise Gaill nous explique : quel est le rôle des océans ?
L’océan occupe un rôle plus qu’essentiel pour la vie sur Terre. Sans l’océan, l’air serait irrespirable ! L’océan absorbe la grande majorité de chaleur produite par l’espèce humaine et agit donc comme régulateur du réchauffement climatique.
Découvrez l’entretien mené par Ouest France de Françoise Gaill, biologiste du CNRS et océanographe.
Quels effets impliquent dérèglement climatique sur l’océan ?
Avec le changement climatique, l’océan se réchauffe. Quand la température s’élève, l’océan se dilate, son volume augmente, ce qui a comme conséquence un accroissement du niveau de la mer. Ce réchauffement modifie aussi les caractéristiques de l’eau de mer qui perd son oxygène. Elle s’acidifie avec l’absorption de CO2, ce qui est dommageable pour la vie marine, comme les mollusques qui possèdent des coquilles calcaires.
Ces modifications présentent des risques : l’accroissement de la fréquence des événements extrêmes, le ralentissement éventuel de la circulation océanique, et des migrations d’espèces qui iront vers des zones plus froides… tout cela impactera les littoraux, les pêches régionales. Il y aura aussi de fortes mortalités d’organismes marins qui ne peuvent pas bouger, comme les coraux, des écosystèmes emblématiques de nos territoires d’outre-mer.
Les océans peuvent-ils encore tenir le coup et assurer leur rôle ?
Les mers sont les plus fragiles à court terme. L’océan se renouvelle grâce la circulation océanique ; les mers, situées près des continents, moins. Elles sont soumises à des pollutions physiques diverses comme les plastiques, ou chimiques comme les polluants ou les perturbateurs endocriniens, pollutions dont on ignore encore les incidences précises sur l’équilibre des écosystèmes.
Tout ce qu’on trouve dans l’océan est exacerbé dans les mers. Avec le réchauffement des eaux et la désoxygénation qui s’ensuit, elles seront soumises à des explosions ponctuelles de microbes potentiellement toxiques, à des arrivées de méduses ou des épisodes de ce qu’on appelle des blooms plus fréquents. Un océan en bonne santé, c’est un climat préservé.
Quelles mesures pourraient prendre les États pour prévenir les risques ?
Il faut considérer l’océan comme un bien commun de l’humanité. Deux mesures majeures pourraient être prises : l’investissement dans l’exploration scientifique de l’espace océanique et la mise en place d’un réseau de 30 % d’aires marines protégées efficacement.
Il est aussi souhaitable que les États s’engagent sur un nouveau modèle d’usages de la mer qui permettent de préserver ses richesses (énergétiques, minérales ou vivantes), durablement, en adoptant par exemple le principe d’éco-conditionnalité des subventions aux activités de la mer.
Les citoyens peuvent-ils jouer un rôle dans cette préservation ?
Chaque citoyen a droit à l’accès à la mer physiquement, par l’imagination et les récits. Un mouvement culturel « ocean litteracy » – qui signifie en gros, « apprendre l’océan » – devrait jalonner cette décennie des sciences de l’océan. Il a déjà commencé dans le réseau des aquariums dont Océanopolis fait partie. N’oublions pas que la France est un archipel.
L’océan, ce n’est pas seulement le climat ou la biodiversité, c’est la partie de la planète qui nous permettra de rebondir demain. Il nous faut apprendre la mer. Le mieux est encore d’aller la voir, de naviguer…