Faune & Flore • 26 novembre 2018
Le parasite qui mange la langue des poissons…
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Le ceratothoa oestroïdes ressemble à une tique blanche. Il serait en voie de colonisation de différents territoire
On l’appelle aussi pou de langue, pou mangeur de langue, alien de la langue. Le ceratothoa oestroïdes ou ceratothoa italica est un parasite qui se fixe sur la langue des poissons. Il s’en nourrit et peut même finir par la remplacer.
Un alien dans la bouche
Il vit en Méditerranée, Atlantique, Manche et mer du Nord. Au large de Royan, le fileyeur Lithomer en a trouvé un dans la bouche d’un sar tout frais pêché.
Bars, maquereaux, dorades
Le ceratothoa oestroides qui vit en Méditerranée et proche Atlantique sautent sur , ou plutôt dedans, les bogues, les bars, les maquereaux et les dorades. Selon Alain Mayoux, président de l’association AquaSciences, « la femelle pénètre par les branchies pour atteindre la langue, en se déplaçant et se fixant à l’aide de ses griffes. » Le plongeur du réseau Doris (Données d’Observations pour la Reconnaissance et l’Identification de la faune et la flore Subaquatiques) détaille les caractéristiques du ceratothoa.
Viens chez moi, j’habite chez une copine
La femelle du pou de mer pond et couve ses oeufs sur ce confortable tapis lingual. Une fois installée dans son nid douillet, elle se nourrit de la langue, du sang et du mucus de sa victime. Elle peut même finir par remplacer matériellement la langue de son hôte une fois totalement ingurgitée. « Certains estiment que C. italica [un cousin de C.oestroides, ndrl] ne se nourrit que du sang provenant d’une artère de la langue et que c’est cette ponction qui entraîne l’atrophie de la langue. D’autres estiment qu’il mange d’abord la langue puis ponctionne l’artère ensuite. » Miam!
Aucun risque pour l’homme
Le réseau Doris affirme que ce charmant endoparasite intra-buccal « ne pose aucun risque à la consommation du poisson-hôte pour l’espèce humaine ». Tout de même, « il ralentit la croissance des poissons-hôtes et limite leur espérance de reproduction, de développement et de vie. »
En outre, les chercheurs ont constaté que ce parasite buccal du poisson se trouve un peu plus fréquemment dans les zones de pêche surexploitée. « Dans une zone protégée, proche de l’Espagne, seulement 30 % des poissons sont infectés, alors que dans les zones de pêche intensive, en Italie par exemple, le taux des victimes (prévalence du parasite) atteint alors 47 %. »