Lifestyle • 28 avril 2021
Le moral des marins à la dérive
On pourrait penser que le confinement est quelque chose que les marins connaissent, puisque vivre seul (ou avec un petit équipage) dans un bateau, ils connaissent bien !
Mais ce n’est pas si simple. Depuis un an, la donne change sur bien des points : les débarquements sont interdits, et les relèves d’équipage ne peuvent avoir lieu. Aujourd’hui, ce sont près de 200 000 marins qui sont encore bloqués loin de chez eux.
Comment s’occupent-ils ? Comment se passe leur retour sur terre ? Le vaccin pourra-t-il leur apporter des solutions ?
Rythmer ses journées de confinement
Les navigateurs passent régulièrement plusieurs semaines, plusieurs mois, souvent seuls ou en petit équipage, sur un bateau. Petite ou grande embarcation, leur espace reste très étroit, très enfermé. Avant de partir, ils se préparent moralement, optent pour des rituels et, une fois en mer, sont aussi dépendants des manœuvres à effectuer et de la météo.
Mais le confinement a modifié les choses, et il a été bien plus compliqué de se préparer et d’envisager toutes les éventualités. En mars 2020, les marins se sont retrouvés comme nombre d’entre nous, un peu « désœuvrés ».
Le plus compliqué reste la suite des problèmes rencontrés, le matériel qui casse, les proches qui manquent. Même si le marin est occupé 24h/24, il n’en reste pas moins qu’il peut rencontrer des moments de solitude et de doute.
Bloqués en mer : quelles conséquences ?
Le virus de la COVID-19 a eu des conséquences sur près de 400 000 marins dès mars 2020. Les frontières, les ports se sont fermés, les laissant parfois longtemps sans solution, à la dérive, parfois bien plus longtemps que les 11 mois réglementaires habituels.
Les relèves annulées, les navigateurs ont ressenti beaucoup d’inquiétude, de pression et de fatigue. Fatigue physique qui se transforme assez vite, dans de telles conditions d’incertitude, en fatigue morale très pesante. Tout cela implique, ensuite, une grande insécurité sur l’expédition.
Depuis la mer, les membres d’équipage entendent parler de ce qui se passe sur la terre ferme alors qu’ils sont sur mer. Et, la pandémie durant, du découragement s’ensuit, avec des idées noires, voire, des suicides pour certains.
Quel retour sur terre ferme ? Quid des prochaines expéditions ?
Au retour, quel que soit le niveau de fatigue ou de déprime, les marins ressentent une première phase de soulagement. Ils retrouvent leur famille, leur compagne, leurs enfants. Mais ils découvrent également des contraintes. On leur demande de ne faire plus que la moitié des expéditions par an, par exemple. De nombreux hommes sont maintenant concernés par du travail à temps partiel, qu’ils ne peuvent pas tous accepter.
Les itinéraires deviennent compliqués, avec un maintien de fermeture de certaines frontières n’arrangeant pas les choses. Ni les quarantaines en cas de test positif à bord. Sans oublier les coûts supplémentaires dus aux négociations compliquées afin de pouvoir débarquer dans certains pays.
Que peut apporter le vaccin ?
En France, les syndicats revendiquent une priorité de vaccination pour leurs 3 000 marins au long cours. Ils craignent en effet les conséquences du passeport vaccinal, la fermeture des ports aux hommes non vaccinés.
De plus, ils se savent très vulnérables face à la pandémie, à cause de l’éloignement des côtes et des centres médicaux, sans oublier l’espace exigu des bateaux rendant la propagation du virus rapide et dangereuse.
Deux doses étant nécessaires, ils demandent de les injecter lors des périodes de congés et, donc, acceptent de bouleverser leur planning. Mais ils craignent également que de nombreux pays ne reçoivent pas assez de doses avant longtemps pour ce faire. Car, si certains ne peuvent être vaccinés avant 2024, la même situation qu’il y a un an risquerait de se répéter.