Faune & Flore • 13 mai 2019
Le grindadráp : l’enfer des dauphins
Le grindadráp est une chasse aux cétacés traditionnelle des îles Féroé. Signifiant « mise à mort des baleines » en féroïen, cette tradition culturelle entraîne chaque année la mort de centaines de globicéphales noirs, cibles principales, mais également de dauphins à flanc blancs et de grands dauphins.
L’origine de cette chasse
Cette chasse date des premiers temps des colonies scandinaves. Son but était alors de procurer de la nourrir aux habitants de cet archipel très isolé qui fait partie du Royaume du Danemark. Le climat difficile qui y règne limitant grandement les possibilités d’agriculture et d’élevage, les habitants de ces îles ont rapidement porté leur préférence sur la viande de globicéphale. Elle est apparue au fil des ans comme la seule source réelle de protéines consommée par les résidents de l’archipel. Elle représente 30% de toute la nourriture mangée sur les îles en un an.
Le grind se pratique chaque année pendant l’été. En effet, les îles Féroé se situent le long des couloirs migratoires empruntés par les dauphins et les globicéphales. Ce sont près de 1000 individus qui y trouvent alors la mort.
Le déroulement du Grindadráp
Le déroulement de cette chasse est très codifié. Il comporte 5 étapes : le repérage, la chasse, l’abattage, la danse (moins pratiquée de nos jours) et la distribution. Seuls les hommes peuvent participer à la chasse en elle-même. Cependant, tous les habitants, femmes et enfants compris, sont conviés pour hisser les animaux sur la berge et les dépecer.
Le repérage est fait par des pêcheurs ou des ferrys. Le groupe de globicéphales est ensuite entouré par un demi-cercle de bateaux qui les rabattent vers une plage où la chasse est autorisée. Les globicéphales, appelés baleines pilotes, ont l’habitude de suivre les bateaux à la proue. 23 sites permettent cet abattage de masse. C’est une fois que le groupe de cétacé se retrouve coincé dans la baie choisie que l’abattage en lui-même commence. Les hommes insèrent des crochets dans l’évent du cétacé vivant afin de le hisser sur la berge où il le tue avec un couteau traditionnel. Aucun individu n’échappe à ce massacre, qu’il s’agisse de femelles gestantes ou de jeunes. Le grind peut durer plusieurs heures. La mort rapide et sans douleur des cétacés est alors largement remise en cause, plusieurs minutes étant nécessaires pour parvenir à sectionner la colonne vertébrale de l’animal. L’agonie des globicéphales peut durer un quart d’heure, comme le rapporte les observateurs de la protection de l’environnement de Londres. Les animaux doivent d’ailleurs être parfois achevés par un vétérinaire. Les dauphins pris dans ce massacre poussent des cris désespérés pendant toute la durée du grind…
Et la loi dans tout ça ?
Cette pratique est autorisée par les autorités du Danemark sous couvert d’une dérogation culturelle. Les autorités de santé publique de l’archipel alertent cependant la population sur la toxicité de la viande de globicéphale trop riche en mercure et en polluants organiques persistants.
Les globicéphales ne font l’objet d’aucune protection spécifique et continuent donc de subir ce massacre année après année. L’ONG Sea Shepherd s’oppose notamment à la poursuite de cette tradition. Afin d’apporter leur soutien aux cétacés, certains tours opérateurs ont décidé de boycotter les îles Féroé tant que ce massacre continuera.