Ports • 23 novembre 2019
Le Grand Port Maritime de Bordeaux en devenir
L’élection de Philippe Dorthe, ancien cheminot et élu socialiste, à la présidence du conseil de surveillance du Grand Port Maritime de Bordeaux le 23 octobre 2019, après avoir dénoué un important conflit social au sein de l’infrastructure portuaire fin 2018, incarne certains des importants enjeux auxquels doit faire face le Port de Bordeaux. Focus sur l’avenir du port girondin et ses 15000 emplois.
Un port en crise
Plusieurs coups durs ont affecté l’activité et l’attractivité du port bordelais. En 2009, du fait de querelles entre barons locaux, et d’une décision de l’État, le projet de terminal méthanier du Verdon a été abandonné, alors qu’il prévoyait un flux additionnel de 2 à 4 millions de tonnes de marchandises annuelles. La peur de l’installation d’un tel site industriel face à la station balnéaire de Royan, fief du président du Conseil départemental de l’époque, aurait pu jouer.
Crise plus récente, la décision de MSC, la deuxième compagnie mondiale de fret maritime, de ne plus faire escale à Bordeaux, à cause du blocage sur le terminal du Verdon, représente un risque considérable pour l’emploi local et l’activité du port, et a provoqué une importante crise sociale, en particulier de la part des cadres. D’ailleurs, les chiffres sont clairs : suivant le ralentissement des trafics céréaliers et pétroliers, le flux de marchandises est passé en 10 ans de 9 à 7 millions de tonnes annuelles.
Un modèle qui se cherche
Le port de Bordeaux est éclaté sur sept sites, fait assez original et complexe à gérer pour le nouveau directeur du GPMB, Jean-Frédéric Laurent, arrivé aux manettes en mars 2019.
Selon la sénatrice Nathalie Delattre, le port de Bordeaux devrait pouvoir être transféré à la région Nouvelle-Aquitaine pour que les enjeux proprement territoriaux puissent être intégrés de manière cohérente. En effet, ce port national est encore sous compétence directe de l’État, tandis que la région Nouvelle-Aquitaine est candidate à la régionalisation du port.
Le nouveau cap fixé par Jean-Frédéric Laurent se situe d’ailleurs dans cette veine locale d’association avec les différents acteurs girondins : collectivités, chambres consulaires, Union maritime et Portuaire, tous ont signé dès 2019 un contrat de partenariat et de projets. Il s’agit de mettre tout le monde autour de la table pour prendre en main les vastes enjeux logistiques, commerciaux et environnementaux auxquels fait face l’écosystème portuaire.
Les enjeux du foncier sont enfin au cœur du problème, puisque le modèle économique de l’infrastructure portuaire n’est pas encore pérenne. Autant de défis pour les nouveaux dirigeants du port de Bordeaux. La nouvelle gouvernance pourrait peut-être aider à en venir à bout.