Patrimoine • 21 janvier 2019
Le diptyque marin de Gérard Rancinan au Musée Mer Marine
"Le radeau des illusions" et "Avant la naissance de Vénus" accueillent le visiteur du musée. Le photographe donne le ton
Dès les premiers pas, le visiteur est plongé dans le bain. Celui du questionnement, de l’étonnement, de la beauté parfois cachée qu’il faut aller chercher. Regarder un peu plus loin que le bout de son nez. Au Musée Mer Marine de Bordeaux, le diptyque du photographe Gérard Rancinan accueille les voyageurs prêts pour un univers irréel (quoique) et marin. La mer, l’histoire, l’art, la connaissance, les émotions. On entre.
Changez de regard
Après Shanghai, Marrakech, Berlin ou Venise, Gérard Rancinan expose à Bordeaux. Inspirée de celle de Théodore Géricault intitulée « Le radeau de la méduse », son œuvre met en lumière sous son objectif espoirs et souffrance des migrants, de tous horizons, rêvant de l’Occident. Un questionnement on ne peut plus d’actualité qui apporte un nouveau regard.
Le sien, ce photographe girondin, l’a affûté lorsqu’il parcourait les terrains hostiles pour l’agence de photographie de presse Gamma.
Quatre fois le Wolrd Press Photo
Gérard Rancinan a obtenu à quatre reprises le prestigieux prix World Press Photo. Ce Girondin est connu pour détourner les grandes scènes collectives, qu’il recompose, en photographie, à sa manière pour les traiter avec humour. Non sans finesse ni engagement à la réflexion.
L’artiste a conçu « Le radeau des illusions » en conservant la structure pyramidale de sa source d’inspiration. Il y reprend les corps, la sensation de douleurs, d’espoir fou, de danger et de quête. Il place savamment quelques clins d’oeil à la société consumériste actuelle, notamment au rêve américain.
Rêve ou réalité?
Les photographies de Gérard Rancinan sèment le trouble. Comme dans un songe, la scène semble réelle mais notre cerveau tire la sonnette d’alarme. « Impossible! » tranche-t-il. Finalement, on décide que la véracité importe peu. Ainsi, « Avant la naissance de Vénus » est inspirée de « La Naissance de Vénus », de Sandro Botticelli. Elle ouvre sur une beauté et une pureté originelle.
L’artiste a conçu cette photographie mi-songe mi-réalité à partir de croquis qu’il dévoile sur ses réseaux sociaux. Ils représentent une nouvelle porte d’entrée à l’univers si troublant de Gérard Rancinan. Un monde issu à la fois du rêve philosophique et des actualités internationales.
G. R.