Faune & Flore • 1 décembre 2019
Le corail peut-il tomber malade ?
Il est peu commun d’imaginer les coraux attraper une maladie qui les menaceraient. Et pourtant, le risque de disparition de ces animaux marins est gravement accentué par plusieurs facteurs anthropiques.
La richesse des récifs coralliens
Contrairement à de nombreuses idées reçues, le corail n’est ni un minéral, ni un végétal, mais bien un animal marin, nommé le polype, de la famille des cnidaires. Celui-ci, armé de tentacules et d’un orifice pour se nourrir, vit en symbiose avec des millions d’algues unicellulaires, les zooxanthelles, qui lui apportent la majorité de ses nutriments via la photosynthèse. Il crée lui-même le calcaire externe, son squelette, menant à l’émergence des récifs coralliens sur lesquels vivent des colonies de polypes fluorescents, les polypiers.
Un animal en danger
Aujourd’hui, le polype est lourdement menacé par le tourisme de masse, la pêche sauvage, l’acidification des océans, le réchauffement climatique, mais également par des maladies provenant de nombreux facteurs externes. Le fait le plus étonnant est que certaines de ces maladies peuvent provenir directement de l’homme.
Ainsi, alors que d’habitude c’est l’homme qui tombe malade du fait de son milieu naturel, c’est ici bien l’espèce humaine qui contamine les animaux de son environnement. Le corail est ainsi sujet aux maladies telles que les herpès. Des bactéries comme la serratia marcescens, sont à l’origine de la maladie des tâches blanches qui font du corail corne d’élan, en mer des Caraïbes, une espèce en voie d’extinction. Ce seraient les excréments humains et les eaux usées qui en seraient à l’origine.
Le blanchissement des coraux, un phénomène alarmant
Le réchauffement climatique est également à l’origine d’une affection connue : le blanchissement des coraux. Sous l’effet du réchauffement des eaux, les zooxanthelles sont expulsées, ce qui peut provoquer à terme la mort des polypes. Si ces phénomènes de blanchissement se répétaient tous les 20 ou 30 ans, les chercheurs australiens ont découvert que leur fréquence s’était accélérée à 6-7 ans, et que 93% de la barrière de corail australienne était touchée en 2016. Le courant El Nino participe à cette menace qui a tué 35% des coraux en 2016 et 2017.
Le plastique, bête noire du polype
Les quelques 10 millions de tonnes de plastiques déversés dans les mers et les océans annuellement, selon une estimation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) de février 2017, sont une cause d’affectation grave pour les coraux. En effet, selon une étude de janvier 2018 publiée dans la revue Science, les déchets plastiques accentuent de manière exponentielle les risques de tomber malade pour les coraux. Les études du chercheur Joleah Lamb montrent qu’un tiers sont affectés par de gros débris plastiques, un nombre qui pourrait s’élever à 15 milliards en 2025.
Les coraux souillés par du plastique développent 90% de chances de contracter une maladie, telles que la maladie de la bande blanche, celle des bandes noires ou encore la maladie de l’érosion du squelette calcaire, toutes trois mortelles. Les coraux, attirés par les molécules contenues sur le plastique, les ingèrent et en sont affaiblis.
Cette fragilité des coraux doit donc être prise en compte, d’autant plus que certains chercheurs estiment que les polypes émettent des substances à même de pouvoir être utilisées pour soigner des cancers – et guérir nos maladies.