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Nautisme 22 novembre 2024

La vitesse en voile : au près ou au vent arrière ?

L’une des questions les plus courantes en voile est de savoir dans quelle direction on va plus vite : au près ou au vent arrière. Cette question est essentielle pour tout marin, qu’il soit débutant ou expérimenté, car la manière dont un bateau réagit au vent dépend de nombreux facteurs techniques et physiques. Dans cet article, nous allons explorer en détail les raisons pour lesquelles un bateau va généralement plus vite au vent arrière que au près, tout en tenant compte des spécificités liées à chaque situation.

Qu’est-ce que le « près » et le « vent arrière » en voile ?

Avant d’expliquer pourquoi la vitesse diffère entre ces deux allures, il est important de définir ce que signifient ces termes.

  • Le près : Cette allure correspond à une navigation dans une direction proche du vent, généralement entre 30 et 45° du vent réel. Le bateau se déplace donc légèrement en biais par rapport à la direction du vent. Il ne peut pas aller directement contre le vent (ce qui est interdit par la physique), mais il doit tirer parti de la portance générée par la voile pour avancer. Le près est souvent considéré comme une allure « difficile » car elle exige une gestion constante du cap et de l’angle des voiles.
  • Le vent arrière : Il s’agit d’une allure où le vent souffle directement dans le dos du bateau, c’est-à-dire dans la direction de la route du navire. Le bateau utilise donc la poussée directe du vent dans ses voiles pour se déplacer, ce qui facilite la propulsion et permet des vitesses plus élevées.
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Pourquoi va-t-on plus vite au vent arrière qu’au près ?

1. La gestion de la force du vent

Le vent est un facteur clé de la vitesse en voile. Lorsqu’un bateau navigue au vent arrière, il reçoit la force du vent directement dans ses voiles, ce qui permet une propulsion plus directe et souvent plus efficace. Les voiles sont orientées de manière à capter pleinement cette force, et le bateau se laisse pousser par le vent sans trop de résistance. En revanche, lorsque le bateau navigue au près, le vent souffle latéralement par rapport à la direction de la navigation. Dans cette situation, la voile fonctionne selon un principe plus complexe : la portance. Une partie de la force générée par le vent est utilisée pour créer une différence de pression entre le côté sous le vent et le côté au vent de la voile, ce qui entraîne le bateau vers l’avant. Cependant, cette configuration entraîne une résistance plus importante car l’angle entre le vent et le bateau n’est jamais optimal pour maximiser la vitesse.

2. La résistance à l’eau et à l’air

Le bateau rencontre également des résistances dues à l’eau et à l’air. En vent arrière, le bateau se déplace dans la direction du vent, ce qui signifie que l’air qui frappe la coque est moins turbulent, et la résistance de l’eau est donc plus faible. Cela permet de maintenir une vitesse plus constante et plus rapide.

Au près, le bateau doit non seulement naviguer contre le vent (en biais), mais également faire face à une résistance accrue, tant sur l’eau que dans l’air. Les voiles doivent constamment « tirer » contre cette résistance, ce qui diminue l’efficacité de la propulsion et ralentit le bateau par rapport à l’allure vent arrière.

3. Les voiles et leur rôle

Les voiles jouent un rôle crucial dans la manière dont un bateau capte l’énergie du vent. Lorsqu’un bateau navigue au vent arrière, les voiles sont souvent « ouvertes » à leur angle le plus favorable, captant le maximum de force du vent. Elles sont plus efficaces dans cette position car elles ne sont pas contraintes de travailler contre une résistance élevée.

En revanche, au près, les voiles doivent maintenir un angle plus précis et sont souvent plus « fermé », ce qui peut rendre leur action moins efficace, surtout dans des conditions de vent léger. L’efficacité des voiles dépend également de la capacité du marin à ajuster constamment l’angle des voiles par rapport au vent, ce qui nécessite une attention constante.

4. La dynamique du bateau et l’angle de la quille

La quille joue un rôle clé dans la navigation au près. En effet, elle permet de compenser la force latérale exercée sur la voile et de maintenir le cap. Cependant, cela engendre également une certaine friction dans l’eau, ce qui ralentit le bateau. En vent arrière, cette friction est moins importante, car la direction du vent est plus en phase avec la direction du bateau, permettant de mieux glisser sur l’eau.

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Les exceptions à la règle : conditions spécifiques

Bien que la règle générale soit que le bateau va plus vite au vent arrière, il existe des exceptions et des nuances à cette règle :

  • Les conditions de vent très léger : Lorsque le vent est faible, la différence de vitesse entre les deux allures peut être réduite. En effet, au près, la voile peut capter plus de vent de manière plus optimale si le vent souffle légèrement de biais.
  • Les bateaux modernes et les foils : Certains bateaux modernes, notamment ceux équipés de foils (comme les trimarans ou les catamarans de compétition), peuvent naviguer à grande vitesse dans des conditions de vent léger au près, en utilisant les foils pour « s’élever » au-dessus de l’eau et réduire la friction. Ces bateaux peuvent, dans ces conditions, être plus rapides au près qu’au vent arrière, bien que ce soit une exception technologique.
  • Les conditions de mer : Les vagues peuvent aussi influencer la vitesse d’un bateau. Un vent arrière dans une mer agitée peut rendre la navigation moins stable, ce qui ralentit parfois le bateau. Dans ce cas, un bateau au près peut se montrer plus efficace, en particulier dans des conditions où il doit jouer avec les vagues pour avancer.

Conclusion

En résumé, un bateau va généralement plus vite au vent arrière qu’au près, car il profite directement de la poussée du vent dans ses voiles sans devoir lutter contre la résistance de l’air et de l’eau. Cependant, la vitesse dépend de nombreux facteurs : la force du vent, l’angle des voiles, la conception du bateau et même les conditions de mer. Si la règle générale est que le vent arrière est plus rapide, chaque situation peut présenter ses propres défis et particularités qui influent sur la vitesse réelle d’un bateau.

Pour un marin, comprendre ces dynamiques et savoir comment gérer les différentes allures est essentiel pour optimiser la vitesse de son bateau et réussir ses navigations.