Insolite • 17 décembre 2021
La trouvaille exceptionnelle d’un manchot de l’Antarctique sur le territoire néo-zélandais
Les habitants de Nouvelle-Zélande ont eu une surprise étonnante en cette mi-novembre lorsqu’un petit manchot bien loin de chez lui s’est échoué sur une plage de l’île sud. Entre réchauffement climatique et simple boussole instinctive déficiente, les conjectures vont bon train pour tenter de comprendre pourquoi ce manchot a été retrouvé a 3000km de ses eaux natales.
L’incroyable histoire d’un manchot loin de chez lui
Imaginez quelle fût la stupeur d’un couple d’habitants de Birdlings Flat, une plage Néo-zélandaise située sur l’île du sud, lorsque qu’ils tombèrent nez à nez avec un petit manchot, l’air absent, échoué au bord de l’eau. Ce petit bonhomme n’était autre qu’un Manchot Adélie, une espèce endémique de l’Arctique d’ordinaire introuvable en Nouvelle-Zélande qui venait de parcourir 3000km depuis ses eaux gelées.
Une fois la surprise passée, le couple de promeneurs a contacté le biologiste Thomas Stracke, une sommité locale en charge de la conservation des manchots sur cette partie de l’île depuis plus de 10 ans. Accompagné d’un vétérinaire, ils furent d’abord pris d’un sentiment de sidération qui a vite laissé place à l’urgence de la situation en présence de cet animal en détresse. Harry Singh déclarera plus tard à la BBC : « J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une peluche, puis soudain le manchot a bougé la tête, et j’ai compris qu’il était réel. Il n’a pas bougé pendant une heure… et [avait] l’air épuisé. »
Le manchot, qui fût d’ailleurs baptisé Pingu par les habitants de l’île, était sévèrement déshydraté ainsi que partiellement affamé. Le vétérinaire a pris en charge les soins de l’animal en le réhydratant et en lui procurant un « smoothie de poisson ». Une fois le petit manchot remis sur pied et 24 heures de surveillance passées, il fût redéposé sur la plage où il s’était échoué la veille dans l’espoir qu’il reparte vers sa terre natale.
Les raisons d’un tel voyage
En soixante ans, c’est seulement la troisième fois qu’un tel évènement est observé en Nouvelle-Zélande. La première occurrence que l’on trouve en parcourant une archive locale remonte à 1962 où un manchot Adélie avait été retrouvé mort, et une seconde occurrence fait état d’un autre manchot Adélie aperçu bien vivant à Kaikōura en 1993.
Les manchots Adélie de l’antarctique dépendent, comme de nombreuses espèces, du krill pour se nourrir. Cependant, le krill lui-même dépend des minéraux et des nutriments que l’on trouve dans les glaces australes pour se développer. Or, les températures moyennes de l’antarctique ayant augmenté de 3 degrés, entrainant une large fonte des glaces, ainsi que la pêche massive de krill par l’Homme dans une but commercial, a entrainé une raréfaction de cette petite crevette translucide obligeant les manchots à s’aventurer plus loin pour se nourrir.
C’est en s’aventurant loin de leurs banquises qu’il arrive en effet que certains manchots Adélie se perdent et ne parviennent plus à retrouver leur chemin ou se fassent emporter par un courant au large. Selon Thomas Strack, Pingu aurait simplement perdu son chemin même s’il avoue avoir été extrêmement surpris de le retrouver aussi loin de ses eaux glaciales. Enfin, Philip Seddon, un zoologiste Néozélandais de l’université d’Otago compare les manchots à des « sentinelles » permettant de prévenir une évolution négative des milieux marins austraux.