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Économie 17 janvier 2025

La Rance, première centrale de marémotrice au monde

L’usine marémotrice de la Rance, située en Bretagne, près de Saint-Malo, est bien plus qu’un simple barrage. Mise en service en 1966, elle est devenue une référence mondiale dans l’exploitation des énergies renouvelables et le premier ouvrage de grande échelle à exploiter la force des marées pour produire de l’électricité.

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Une prouesse technologique

Située sur l’estuaire de la Rance, entre Dinard et Saint-Malo, cette centrale marémotrice repose sur un concept novateur : utiliser le flux et le reflux des marées pour actionner des turbines génératrices d’électricité. La Rance bénéficie d’un site exceptionnel, avec l’une des plus grandes amplitudes de marées en Europe, atteignant jusqu’à 13,5 mètres.

Le barrage, long de 750 mètres, abrite 24 turbines à double effet. Ces turbines sont capables de produire de l’électricité à la fois à marée montante et à marée descendante, un exploit technologique pour l’époque. Avec une puissance installée de 240 MW, l’usine génère en moyenne 500 GWh par an, équivalent à la consommation d’environ 225 000 foyers.

Un chantier titanesque

La construction de l’usine marémotrice de la Rance a mobilisé des moyens colossaux. Les travaux, qui ont duré huit ans, ont nécessité la mise en place de techniques innovantes pour l’époque. Le barrage a été conçu pour résister aux puissantes forces des marées, tout en minimisant son impact sur l’environnement local.

Malgré ces précautions, le projet n’a pas échappé à certaines critiques. La construction a perturbé les écosystèmes locaux et modifié la dynamique naturelle de l’estuaire. Cependant, les efforts pour atténuer ces impacts au fil du temps ont permis une réintégration progressive de la faune et de la flore.

Les dégradations liées au barrage

Si l’usine marémotrice de la Rance est une prouesse technique, elle a également entraîné des conséquences environnementales notables. La construction du barrage a profondément modifié les écosystèmes aquatiques de l’estuaire. En restreignant les flux naturels de l’eau, il a perturbé les cycles biologiques de nombreuses espèces locales, notamment les poissons migrateurs comme les anguilles et les saumons. Ces espèces ont vu leurs populations diminuer, faute de pouvoir circuler librement entre la mer et la rivière.

De plus, l’accumulation de vase et de sédiments en amont du barrage a altéré la qualité de l’eau, modifiant les habitats naturels. Ces changements ont également impacté les activités humaines, comme la pêche et la navigation, qui dépendent de l’état de l’estuaire.

Malgré des efforts pour atténuer ces impacts — tels que l’installation de dispositifs favorisant le passage des poissons —, les dégradations restent un sujet de préoccupation. En 2019, des appels à l’aide ont même été lancés à l’Union européenne pour soutenir la réhabilitation environnementale de la Rance. Ces problématiques soulignent l’importance de concilier développement énergétique et préservation des écosystèmes.

Une inspiration pour les générations futures

Plus de 50 ans après sa mise en service, l’usine marémotrice de la Rance reste un symbole éloquent de l’ingénierie française et de l’innovation dans les énergies renouvelables. Elle incarne l’idée que la nature, lorsqu’elle est exploitée de manière responsable, peut devenir une alliée puissante pour répondre aux besoins énergétiques de l’humanité. Sa longévité et sa fiabilité montrent que l’adoption des énergies propres n’est pas qu’une vision d’avenir, mais une réalité possible et durable.

En outre, la centrale joue un rôle éducatif majeur en accueillant des visiteurs qui découvrent les enjeux et les opportunités des énergies marines renouvelables. Elle inspire des projets similaires à travers le monde, soulignant l’importance d’une approche visionnaire et respectueuse de l’environnement. À travers son héritage et son impact, la Rance nous rappelle que les solutions aux défis énergétiques résident souvent dans un dialogue harmonieux entre innovation technologique et respect de la nature.

Source images : Vue du barrage de la Rance. (EDF_Le Gal Yannick) / Ouest France Le barrage mobile et ses six vannes. | MARC OLLIVIER.