Lifestyle • 5 décembre 2018
Éric Bellion: face caméra
[LA CARTE BLANCHE de...]
.... Marie Pecquerie, journaliste, rédactrice, passionnée de plongée et du monde maritime
A l’occasion de sa première participation au Vendée Globe, le navigateur s’est filmé pendant 99 jours en solitaire autour du monde. Entre documentaire et journal de bord, le film «Comme un seul homme» suit le quotidien d’Eric Bellion, (qui se trouve actuellement sur la Route du Rhum) à travers ses doutes, ses peurs et ses moments de joie intense. On s’y croirait.
Le tour du monde sur un décor de cinéma
Tout commence par la rencontre avec Jean Cottin, producteur de cinéma. Ce dernier est en possession d’un 60 pieds IMOCA, à bord duquel Eric Bellion souhaiterait concourir pour le Vendée Globe en 2016. Ironie du sort ou clin d’œil appuyé du destin, le bateau a servi de décor au film « En solitaire » en 2013. Mené par François Cluzet, le film raconte le tour du monde d’un skipper français. « Ça m’a toujours amusé d’avoir acheté un décor de cinéma qui avait vécu virtuellement le tour du monde », commente Eric Bellion. « Je voulais que les gens puissent reconnaître le bateau. Et moi j’étais à son service pour qu’il boucle son tour du monde pour de vrai ».
Séduit par le projet et la personnalité du navigateur concarnois, Jean Cottin décide de lui vendre son 18 mètres. C’est la rencontre d’une démarche et d’un projet cinématographique. Confiant, le producteur équipe alors Comme un seul homme d’une simple caméra GoPro, de quelques caméras fixes et donne carte blanche au navigateur.
Un récit radical et sincère
Aucun scénario n’est défini à l’avance et personne ne sait, avant la course, quelle forme prendra le projet. Une série télé ? Un documentaire ? « L’écriture du scénario s’est faite au montage ! », confie Jean Cottin. Et pour cause : les 50 heures de rush ramenées par le skipper au retour de sa course ont demandé beaucoup de travail à l’équipe productrice.
« Le projet était assez fou parce que rien ne pouvait être écrit à l’avance ! Mais il y a eu une écriture cinématographique naturelle, car contrairement aux images de vrais acteurs, nous travaillions ici sur des émotions sincères ». Un côté brut et poignant qui a rapidement orienté le producteur.
Un film immersif et émouvant
D’où un parti pris radical. Propulsé dès les premières secondes sur le bateau de course, le spectateur vit au plus près le quotidien du skipper, qui se retrouve sur 90% des plans. Pas de musique d’ambiance, pas de voix off, pas de carte ni d’indication de date. Eric Bellion est seul, face caméra. Dès lors, la trame du Vendée Globe disparaît derrière l’expérience humaine d’un navigateur qui lutte contre les éléments et surtout contre lui-même.
« Commencer un film avec un homme qui craque, ce n’est pas commun. C’est une course autour du monde, le spectateur s’attend à un héros, un surhomme. Au lieu de quoi, il se retrouve nez à nez avec un homme qui doute, qui pleure, qui hurle. Mais il va se sortir peu à peu du trou et se convaincre qu’il peut faire confiance à son bateau », explique le producteur de « Comme un seul homme ».
Une expérience hors du commun, qui, par sa sincérité, rejoint pudiquement le message porté par le navigateur et son «Appel pour la différence». Une aventure qui vise à découvrir, au fil des navigations, les différences entre les êtres humains et démontrer, à travers des témoignages, combien celles-ci s’avèrent enrichissantes et productives.
Le film sortira en salles en février 2019.
Marie Pecquerie est rédactrice passionnée
Marie Pecquerie est journaliste et rédactrice. Passionnée de plongée, elle apprécie particulièrement ramener des témoignages d’histoire fortes. Formée au droit et aux relations internationales, elle est journaliste freelance.