Pêche • 8 février 2020
Éoliennes vs pêche professionnelle ?
La France s’est engagée à accélérer la mise en place d’une énergie marine renouvelable (EMR) au large de ses côtes, d’autant plus qu’elle est largement devancée en cela, en Europe par l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Les parcs éoliens doivent se frayer une place dans l’espace maritime, entre les parties réservées aux manœuvres militaires, celles qui abritent des espèces marines protégées, les voies de navigation, ainsi que les zones consacrées à la pêche professionnelle. C’est sur ce dernier espace que des conflits peuvent surgir.
Quelles contraintes les éoliennes font-elles peser sur la pêche professionnelle ?
Le développement quantitatif des parcs éoliens se traduit immanquablement par une réduction des surfaces de pêche ou par une altération de celles-ci, notamment à cause des passages de câbles raccordant les éoliennes au réseau et de l’implantation de tous les ouvrages d’infrastructure. Les conséquences se traduisent par une modification et une dégradation des habitats marins, pouvant se répercuter sur les populations halieutiques.
Comment réagissent les professionnels de la pêche ?
Conscients de la nécessité absolue des enjeux des EMR, les professionnels de la pêche ne souhaitent pas s’opposer à leur développement, mais l’accompagner et coopérer avec les milieux concernés. Ils ont ainsi posé leurs conditions : être sollicités en amont de chaque projet sur les zones d’implantation choisies ou les aménagements prévus.
Les pêcheurs ont compris les avantages d’avancer main dans la main avec les autorités, leur permettant d’obtenir une assistance dans la mise en place de leurs propres projets d’aquaculture ou de pêche durable. L’expertise des professionnels de la mer est par ailleurs, fortement valorisée par les développeurs des parcs éoliens qui trouvent de précieuses informations utiles pour ancrer leurs installations dans des fonds marins qui ne leur sont pas familiers.
L’éolien en soutien à la pêche
35 % des revenus de la taxe éolienne est reversée au Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM), afin de leur permettre de financer leurs projets d’exploitation halieutique durable. De plus, des mesures compensatoires sont prévues en amont, dans le but de couvrir les conséquences négatives temporaires sur les activités de pêche, au moment de la phase d’installation des éoliennes. Un pacte signé entre le CNPMEM et le Réseau de transport de l’électricité (RTE), édicte les principes de collaboration entre pêcheurs et câbliers sous-marins.
Les derniers chiffres de la pêche en France
Selon la dernière étude de FranceAgriMer, qui a été publiée en avril 2019, la part de la France dans la production halieutique de l’Union Européenne est de 11 % en 2018. Les espèces les plus vendues sont les huîtres et les thons, loin devant les moules, les merlus, les truites, les sardines,…, la Bretagne étant la région la plus active en la matière avec plus de 40 % du marché hexagonal.
Le secteur de la pêche est un pourvoyeur d’emplois pour plus de 40 000 personnes et le chiffre d’affaires de la profession s’élève à plus d’un milliard d’euros annuels. Tous ces chiffres témoignent de l’importance de la sauvegarde de cette activité qui pèse dans la richesse nationale, dont les ardents défenseurs des EMR sont largement conscients.