Économie • 30 mai 2018
Comment la plaisance doit conquérir un nouveau public
Les professionnels dessinent les nouveaux usages du nautisme: les plaisanciers recherchent davantage une expérience que posséder un bateau
Aux Assises du nautisme et de la plaisance, les professionnels dessinent l’avenir de l’activité. Il sont nombreux à souligner qu’aujourd’hui la demande évolue rapidement. Il en ressort que de plus en plus, les navigants recherchent davantage de pouvoir vivre des expériences sur l’eau que de posséder un bateau. Les entreprises du secteur mais également les ports tentent de s’organiser pour répondre à cette évolution.
Depuis hier, les professionnels du secteur se rejoignent sur les constats de leur filière. Face à la demande des clients et plaisanciers de pouvoir vivre une expérience avec le milieu plutôt que d’être propriétaire d’un bateau, certains proposent de nouveaux services ou de nouveaux produits.
Les boat clubs, entre la location et l’achat
Bruno Lescher, du Bénéteau Boat Club explique cette nouvelle formule. « C’est un peu entre la location et l’achat pour des personnes qui veulent naviguer plus qu’en louant sans toutefois acheter un bateau. Aujourd’hui, les gens privilégient l’usage à la possession, c’est une tendance de plus en plus importante. Nous avons une flotte de bateaux mise à disposition de nos clients à leur demande. Pour Bénéteau, cette formule est importante car cela nous permet de toucher de nouveaux pratiquants (donc on vendra plus de bateaux!). Aujourd’hui, en France chez Bénéteau, nous n’avons que des bateaux à moteur (on s’appuie sur réseau concessionnaires sur 32 bases) mais très rapidement on verra apparaître des voiliers. »
La bourse aux équipiers version digitale
Antoine Penot, fondateur et dirigeant de Vogavecmoi.com a présenté son site. Il s’agit d’une bourse aux équipiers sur internet pour la voile, la régate mais également la pêche ou le bateau à moteur. Vogavecmoi.com compte 52.000 inscrits qui paient leur cotisations. « Nous avons constaté que les propriétaires de bateaux en achètent un avec le rêve qu’ils seront toujours entourés de leurs proches. Or, à 60 ans, leur femme ne veut plus naviguer, les enfants sont partis et les copains ne sont pas toujours là. Nous permettons donc aux propriétaires de trouver des équipiers sympas et disponibles. On est le moyen le moins cher pour faire du bateau (25 euros/jours). On s’aperçoit qu’on a remis sur l’eau des anciens marins qui font de nouveau du bateau fréquemment. Nous avons aussi pas mal de gens qui aiment faire du bateau mais qui n’ont pas envie ou pas la compétence pour être chef de bord. »
Les jeunes veulent découvrir le milieu maritime
La Société de Régates Rochelaise (SRR) estime à 10% la hausse de partages du vécu par les jeunes sur les réseaux sociaux. Ce qui n’est pas une surprise représente donc « un moyen d’attractivité autour de l’expérience vécue par les autres, affirme Thibaut Brandicourt de la SRR. C’est comme le bouche à oreilles mais en version digitale. Nous devons donc être présent sur les réseaux sociaux, avant de donner envie et d’espérer fidéliser. » Autre tendance notée par la SRR : la nécessité d’éveiller les très jeunes au milieu maritime. La SRR a créé le Club des moussaillons pour les enfants de 3-6 ans. Ils vont sur l’eau en semi-rigide, à l’aquarium, participent au nettoyage des plages, etc.
A l’UCPA, même constat: « en 5 ans, nous avons vu la demande évoluer vers davantage de découverte d’un milieu grâce à différentes pratiques sportives, annonce Stéphane Le Bihan, directeur unité sport vacances. Cette demande est notamment forte chez les jeunes. Chez les primo-pratiquants, la découverte engendre la mise en place de stages hybrides où l’on propose plusieurs activité autour du littoral. On a 50% de l’offre qui devient comme cela, c’est donc une tendance de fond. Il faut intégrer ces développements si on veut que les jeunes découvrent le littoral. » Lui aussi montre le digital comme un outil indispensable à la communication.
Autour de la table des débats, les intervenants sont unanimes: « on n’est plus dans le sport de masse, on a changé d’ère« .
Ceci étant, Jean Kerhoas, président de Nautisme en Bretagne tire la sonnette d’alarme (et il n’est pas le seul): « il faut acculturer les Français à la mer. Cela passera par exemple par financer des classes de mer, des cours de natation, de la découverte du monde maritime (pour cela nous aurons besoin des ministères)… »