Découverte & Recherche • 5 novembre 2018
Codezero imagine une Route du Rhum en paddle à foils… en 2030
L'agence de réflexion et marketing du sport de demain pressent que, dans le futur, la vitesse ne sera plus le Graal du sport
Et si, dans dix ans, on traversait l’Atlantique en stand up paddle à foils. « On y pense déjà » lance Ludovic Dulou, l’un des spécialistes de la discipline. De son côté, l’agence de réflexion et marketing du sport de demain, Codezero, utilise cette prospection pour arguer que le sport de demain ne sera plus tourné uniquement vers la quête de la vitesse.
Imagine la Route du Rhum en paddle
Dans un article d’octobre 2018, l’agence Codezero laisse aller son imagination pour mieux décortiquer les enjeux du sport dans les années à venir. L’agence imagine une course dans laquelle Kai Lenny et Finn Spencer, deux watermen, traverseraient l’Atlantique. « Sous leurs planches, des capteurs ont enregistré l’état de l’océan sur tout le parcours. Des universités enregistrent les données. Dans les écoles, on suit les participants tout en enseignant non pas la vitesse mais la vie et les grands équilibres. Un concurrent a heurté une baleine. Il a cassé sa planche mais le cétacé n’a rien senti. La course au large a changé, ses valeurs ont changé, ses sponsors ont changé… »
La quête de croissance en question
Si Codezero admet que l’innovation dans la voile permet de réactualiser l’image de ce sport, elle souligne aussi que » la voile compétitive n’a plus que la vitesse comme horizon et comme « récit ». »
Partant, elle pose des questions. « Jusqu’à quand l’idée du tour du globe à fond les ballons, seul ou pas, sans s’arrêter, sans rien «voir», aura-t-elle un sens dans un monde où par ailleurs l’idée de ralentir commence à faire son chemin? » Codezero estime que la voile a du retard. « Le siècle de la vitesse était le vingtième, la voile découvre l’ivresse de l’accélération un temps trop tard. »
Le Tour du monde en 45 jours serait-il « utile »?
Codezero pose le débat. « Dans un monde qui s’interroge de plus en plus, le débat sur le climat, le questionnement sur la quête de la croissance, on peut se poser la question du sens des choses. Le sport n’y échappera pas. La voile en particulier. »
Le média qui se pose comme spécialiste du sport de demain se projette vers un monde pas si lointain que cela. « Demain, une certaine forme de minimalisme sera peut-être une vertu. Faire le tour du monde en 45 jours semblera peut-être stupide ou mieux, inutile. » Avec la Golden Globe Race, cette course existe déjà. Et, effectivement, elle trouve (pour le moment) peu d’audience auprès du grand public mais les amoureux de la mer y sont attachés. Au travers des marins engagés, elle pose question sur la nécessité de la vitesse. A l’image de Jean-Luc Van Den Heede, premier de la Golden Globe Race à l’heure où nous écrivons, les skippers n’optent pas pour un rythme de croisière dans les 40e Rugissants mais ils ont choisi une course où l’état d’esprit préfère le rapport à la mer plutôt que le chrono.
Gaëlle Richard