Découverte & Recherche • 10 décembre 2021
Chili : L’initiative des scientifiques de créer des glaciers à partir d’eau de pluie gelée
Les scientifiques sont unanimes : les conséquences dramatiques des changements climatiques qui s’accélèrent à un rythme rapide, nécessitent une réaction immédiate.
Au-delà de l’impact sur la biodiversité, les changements climatiques mettent également, en danger la survie de nombreuses populations qui dépendent de l’eau venant de la fonte des glaciers en période sèche.
En réponse à ce problème particulièrement sensible dans certaines régions comme le Chili, un ingénieur indien a mis au point une méthode innovante. Il s’agit de créer des petits glaciers artificiels. Ceux-ci vont permettre aux habitants des régions himalayennes, de continuer à bénéficier de l’eau indispensable à leur survie et à l’agriculture.
Stocker les eaux de pluie sous forme gelée : une idée pas si nouvelle
Ce n’est pas une idée totalement neuve même si le moyen de réaliser ce qu’on appelle des « stupas » de glace est novateur.
En effet, il y a un peu plus de 10 ans, un ingénieur indien avait trouvé une technique pour détourner les eaux des glaciers de l’Himalaya et les canaliser vers des lacs artificiels installés sur les flancs des montagnes. Pour y arriver, Cherang Norphel utilisait des longs tuyaux. Ces réservoirs couvraient les besoins en eau d’environ 10.000 personnes pendant les mois les plus secs.
Des scientifiques ont retrouvé une ancienne technique de « redistribution » des eaux de pluie au XIIIème siècle dans la région du Pamir.
Les glaciers artificiels
L’idée a germé dans l’esprit de Sonam Wangchuk, ingénieur indien, de créer des réservoirs d’eau potable compensant en partie la diminution des glaciers. Pour approvisionner en eau des populations vivant dans l’Himalaya, il a perfectionné une méthode un peu différente. La disparition à un rythme rapide des glaciers en raison du réchauffement de la planète, menaçait directement de désertification des villages comme celui de Kulum. Déjà situé dans une zone extrêmement aride, sa survie dépendait des glaciers qui se réduisent tellement vite que leur alimentation en eau n’était plus assurée.
Les cônes ou « stupas » de glace étaient plus adaptés à la morphologie des chaînes himalayennes et se conservaient en raison de leur forme, plus longtemps. En été, les eaux s’écoulaient naturellement sans aucune autre source d’énergie, simplement en utilisant la gravité et de longs tuyaux d’environ 2,5 km.
Du prototype en Inde à une application au Chili
Le premier prototype de ces mini glaciers est né en 2015, irrigant ainsi 2500 arbrisseaux dans la vallée du Ladakh, soit un apport de 1.5 million de litres d’eau.
Le système repose sur de longs tuyaux verticaux qui vont récupérer l’eau et la rejeter en l’air, provoquant ainsi un mouvement cyclique qui ressemble à une fontaine. Les températures nocturnes de la région vont geler cette eau lui donnant l’aspect d’un cône.
En 2017, S. Wangchuk obtient pour son innovation, le prix Rolex qu’il va utiliser pour la construction de nouveaux stupas. Ceux-ci libèrent environ 5000 litres d’eau par jour irriguant des superficies incultivables autrement. Du constat de la fonte d’étendues de glace à un rythme effréné au Pérou et au Chili, naît le projet Nilus. Les scientifiques vont utiliser la topographie de la région de Cajon del Maipo dans les Andes chiliennes pour créer des glaciers sur les sommets.
La création des glaciers artificiels s’étendra sur d’autres régions pour compenser les effets dramatiques du réchauffement de la planète.
Toutefois, cette initiative ne suffit pas et doit s’accompagner nécessairement de mesures visant à conserver et protéger l’eau passant par une meilleure gestion de celle-ci.