Sport • 9 mars 2020
L’apnée no limit : c’est quoi ?
La propulsion dans l'apnée no limit est libre. Il n'y a qu'une seule contrainte : celle de se doter d'une mesure verticale pour calculer la profondeur de la descente.
L’apnée no limit a été popularisée en 1988 par « Le Grand Bleu ». Ce film réalisé par Luc Besson racontait les exploits de l’apnéiste Jacques Mayol. La discipline de l’apnée no limit a tenté quelques téméraires désirant inscrire leur nom sur la tablette des records, quelquefois au péril de leur vie.
Qu’est-ce qu’on appelle l’apnée « no limit » ?
La propulsion dans l’apnée no limit est libre. Il n’y a qu’une seule contrainte : celle de se doter d’une mesure verticale pour calculer la profondeur de la descente. Afin de gagner les profondeurs, l’apnéiste utilise un appareil lesté appelé « gueuse ». Celui-ci pèse entre 15 et 30 kg, se fixe sur le câble et se déplace verticalement. Certaines gueuses sont équipées d’un frein permettant à l’apnéiste de réguler la vitesse de sa descente. La remontée, quant à elle, s’effectue à l’aide d’un ballon gonflé d’air comprimé, un parachute ou par l’intermédiaire d’un câble.
Pourquoi « apnée no limit » ?
C’est dans la pratique de cette discipline de plongée, qu’on atteint les profondeurs les plus grandes. Elle est appelée « no limit », parce qu’en théorie, les profondeurs abyssales peuvent continuer à être explorées. Depuis le français Jacques Mayol, détenteur du premier record en 1983, avec une profondeur atteinte de 105 mètres, la performance a sans cesse été améliorée, atteignant 214 mètres à l’actif de Herbert Nitsch en 2007. Cet autrichien a même touché le niveau des 253 mètres en 2012, record non homologué, suite à un accident de décompression. Chez les plongeuses, l’initiatrice fut la cubaine Débora Andollo en 1996 avec 110 mètres ; le record étant actuellement détenu par l’américano-britannique Tanya Streeter qui est descendue en apnée jusqu’à 160 mètres de profondeur.
Les risques et les dangers
L’apnée no limit est une discipline dangereuse. Elle l’est d’autant plus qu’elle est tributaire du bon fonctionnement du matériel technique utilisé : le ballon, les câbles et la gueuse. Nombre d’accidents sont survenus de ce fait. Il faut donc être prêt à réagir rapidement. C’est pourquoi une importante infrastructure est déployée à chaque sortie en apnée no limit. Une équipe de sécurité doit être opérationnelle en surface et une autre en profondeur. Cette dernière est composée de médecins du sport, spécialistes de la plongée et équipés de scaphandres autonomes, avec des réserves de gaz capables de les tenir en vie dans les abysses. Certains plongeurs ont hélas payé l’exercice de leur passion, du prix de leur vie. C’est le cas dans la passé récent d’Audrey Mestre en 2002, de Loïc Leferme décédé à l’entraînement en 2007 ou de Patrick Musimu, atteint de mort subite en 2011, dans sa piscine.
Quelle sensation ressent-on en apnée ?
L’apnéiste Pierre Frolla explique que le plaisir éprouvé lors de la descente est unique. Il a notamment l’impression de faire corps avec l’eau et aime se trouver en compagnie d’espèces marines hors du commun. Mais le plongeur insiste sur l’étrange sensation de se laisser complètement couler au niveau des 30 mètres de profondeur, quand la pression s’inverse. Le risque se situe d’après lui, dans la course aux records. C’est elle qui pousserait un apnéiste à vouloir tenter le diable jusqu’à des profondeurs inconnues en terme de résistance de son propre corps.