Faune & Flore • 20 décembre 2019
La Mer Mineure étouffe
Avec ces 17.000 hectares et ses 70 km de côtes, la mer Mineure constitue le plus grand lagon d’Europe. Située au sud-est de l’Espagne, elle est séparée de la mer Méditerranée, par le littoral de la Manche.
Cette zone prisée par de nombreux touristes pour ses activités balnéaires, a subi un phénomène écologique grave au cours du mois d’octobre dernier, une catastrophe qui, d’après écologistes et scientifiques guettait depuis plusieurs années.
Que se passe-t-il ?
Le 12 octobre dernier, des tonnes de poissons et crustacés seront retrouvés morts asphyxiés, recouvrant une grande partie du littoral de la mer Mineure. Résultat d’un phénomène écologique complexe, que l’on nomme eutrophisation, causant un manque d’oxygène au fond de la mer, entraînant l’asphyxie de sa faune et de sa flore.
Qu’est ce que « l’eutrophisation »?
L’eutrophisation est un désastre écologique, conséquence d’un excès d’algues et de plantes aquatiques du fait d’une surcharge d’éléments nutritifs dans la mer. Ces éléments, tels que l’azote et le phosphore entraînent la formation des algues, lesquelles vont ensuite absorber l’oxygène des fonds marins au moment de leur décomposition, conduisant de fait à l’étouffement de tout un écosystème.
La lumière est empêchée d’atteindre les fonds marins et les espèces marines n’ont plus suffisamment d’oxygène pour vivre. Un désastre, qui touche essentiellement les cours d’eau dit dormants, étangs, mares, lagunes, qui ont un débit de renouvellement de leur eau trop faible et dont le littoral abrite une forte activité humaine, agricole comme industrielle. Un désastre du au réchauffement climatique, que les scientifiques dénoncent depuis plusieurs années.
Quelle en est la cause ?
Quelques prémices du phénomène d’eutrophisation, avaient déjà touché la mer Mineure. En 2016 l’ensemble de la lagune fût recouverte d’une épaisse couche d’algues, en 2017 les plages étaient infréquentables en raison d’une eau trop trouble. C’est tout un écosystème qui est touché causant un peu plus chaque année, la disparition de certaines espèces.
Une enquête est actuellement en cours pour connaître en détail les véritables causes de ce phénomène qui a touché la lagune en octobre dernier. On sait d’ores et déjà que cette région, qui cumule une forte activité humaine, touristique, agricole et un fort passé minier, a été touchée par de forte pluies en septembre, conduisant à déverser un taux excessif de matière organique dans les eaux de sa lagune.
Conséquences de l’eutrophisation
En plus des conséquences grave sur l’écosystème marin de la mer Mineure, c’est toute une région qui est touchée par ce phénomène. Prisée pour ses nombreuses infrastructures sportives, la lagune propose beaucoup d’activités balnéaires, les acteurs du tourisme, craignent donc inévitablement un impact direct sur l’attrait de la région.
Quel avenir pour l’écosystème local ?
Le phénomène a également des conséquences désastreuses pour les pêcheurs locaux, l’eutrophisation entraînant la disparition des ressources de la mer et impactant de façon irréversible sa biodiversité. Les pêcheurs disent aujourd’hui avoir pu reprendre leur activité, les pluies diluviennes ayant cessé, l’eau retrouve petit à petit sa clarté, mais ils constatent tout de même un réel impact négatif en terme de quantité de poissons rapporté.
C’est donc toute une région qui souhaite agir pour préserver leur lagune, le #SOSMarMenor, est témoin de cette solidarité et de la mobilisation des acteurs locaux. Le sujet a également été évoqué lors de la COP25, à Madrid.