Environnement • 12 décembre 2019
La COP 25 à Madrid
C’est maintenant une habitude. Depuis 1995, les pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se réunissent chaque année pour la fameuse conférence des parties (COP). Refusée par le Brésil, empêchée par les importants mouvements sociaux qui secouent le Chili, c’est finalement en Espagne, à Madrid, que prend place la COP 25, depuis ce lundi 2 décembre ; le Chili en garde la présidence. Au programme, deux semaines d’échanges et de tractations entre les États sur les thèmes du climat et de la biodiversité.
Un calendrier chargé
Lorsque l’on jette un œil au calendrier mondial de 2020 sur les questions environnementales, on s’aperçoit rapidement que celui-ci est chargé :
- Fin mars s’ouvrent les dernière phases de négociation pour un traité sur la haute mer ;
- En juin aura lieu le congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), à Marseille ;
- En octobre ce sera l’heure de la COP 15 « biodiversité », en Chine ;
- Enfin, en novembre, se tiendra à Glasgow la COP 26, cruciale puisqu’elle s’inscrit dans la continuité des accords de Paris. Ce sera alors le moment du bilan et celui de nouveaux engagements.
12 jours d’échange et de travail
À côté, la conférence de Madrid passerait presque inaperçue. Cependant, à en croire le slogan officiel, « Time for Action », la COP 25 se veut résolument conquérante. Le ton a été donné dès le discours d’ouverture prononcé par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres : « le changement climatique n’est plus un problème à long terme, nous sommes maintenant face à une crise mondiale ». L’objectif affiché est clair : lancer une dynamique forte et la maintenir alors que la volonté de réduction du réchauffement climatique et de préservation des espèces occupe chaque jour plus de place dans la sphère publique.
Quel est l’objectif affiché ?
Concrètement, deux sujets majeurs sont au cœur des débats : la réorganisation des règles concernant le « marché du carbone » et la question dites des « pertes et préjudices ».
Le « marché du carbone », mis en place pas le traité de Kyoto en 2005, est un système qui permet à des États dépassant les droits d’émission de CO2 qui leur ont été accordés d’en obtenir de nouveaux moyennant finance auprès d’états respectant leurs engagements. Un système qui se décline ensuite auprès des entreprises. Mais ce marché, pourtant novateur, en cela qu’il fait entrer le carbone dans la sphère économique, se voit de plus en plus critiqué, surtout par les ONG. Il est accusé, entre autres, de ne pas être assez contraignant. De plus, certaines pratiques se sont instaurées afin de contourner les exigences originelles. Ainsi, par exemple, le procédé du double comptage, qui consiste en une comptabilisation de la réduction d’émission par le pays vendeur ainsi que par le pays acheteur est pointé du doigt – la COP 24 de Katowice n’ayant pas clos le dossier.
La question des « pertes et préjudices », représente quant à elle l’organisation de la prise en charge de coûts créés par les changements climatiques que l’on ne sera pas parvenu à éviter ( hausse du niveau des eaux, assèchement des sols, perte de zones d’habitat, mouvement de population,…). De nombreux conflits naissent sur ce sujet, principalement entre pays développés et pays en voie de développement. Les premiers, gros pollueurs, cherchant à éviter leur implication juridique dans les cas de désastres environnementaux, veulent définir un cadre précis. C’est l’un des points débattus lors des 12 jours de la COP.
Quelles sont les issues espérées ?
Préparant 2020, une année charnière, la COP 25 compte bien, d’ores et déjà, mettre sur le tapis des sujets importants dans l’optique d’une entente mondiale pour la préservation de la planète : un défi majeur sur lequel les états peinent à se mettre en ordre de bataille. Rappelons, pour mémoire, que, quatre années après les accords de Paris, jugés historiques, les émissions de gaz à effet de serre dans le monde continuent toujours d’augmenter.