Économie • 10 décembre 2019
30% de l’électricité européenne issue de l’éolien en mer à l’horizon 2050 ?
Sur la base d’une analyse de l’association WindEurope, un tiers de l’électricité du continent européen pourrait être produite par l’énergie éolienne en mer en 2050. Si certains pays, à l’image du Royaume-Uni et de l’Allemagne sont particulièrement investis en terme de capacité éolienne en mer, la France se trouve largement distancée.
Pourquoi ?
Des parcs éoliens existent d’ores et déjà au large des côtes du nord de l’Europe, délivrant une capacité de 20 gigawatts. Ils permettent de fournir en électricité environ 1,5 % de la demande du continent. Tout en intégrant l’hypothèse d’une augmentation de la consommation électrique de moitié d’ici 30 ans, le rapport de l’association WindEurope estime que 30 % de celle-ci peut être couverte par l’éolien en mer.
L’objectif d’accroître la capacité des éoliennes installées sur l’eau a d’ailleurs été chiffré par la Commission Européenne : elle est censée doubler à l’horizon 2050, passant de 230 à 450 gigawatts. Répondant à la demande d’une dizaines de gouvernements des pays de l’Union Européenne, l’association WindEurope a listé les moyens d’atteindre ce but. La préconisation première est d’accepter de redéfinir l’aménagement de l’espace.
Comment atteindre l’objectif ?
L’espace maritime a de multiples frontières. Il est en effet partagé entre une partie réservée à la pêche, une autre à la navigation, une troisième aux manœuvres militaires, une qui abrite les espèces marines protégées,… Toutes ces étendues réunies font que plus de la moitié de la surface de l’Océan Atlantique, de la mer du Nord et de la mer Baltique, située au large des côtes européennes n’est pas en mesure d’accueillir de nouveaux parcs éoliens. WindEurope considère qu’en acceptant de remettre en question ces zones d’exclusion, l’objectif de 450 gigawatts de capacité éolienne offshore peut être atteint d’ici à 2050.
Une telle politique de réaménagement maritime permettrait de surcroît, de bâtir environ 2/3 d’éoliennes à un coût très réduit, inférieur à 50 €/mégawattheure.
La question que doivent donc se poser les gouvernements est la suivante : ces zones d’exclusion sont-elles réellement indispensables ? La réponse positive pourrait largement modifier la donne. À titre d’exemple, sur la base du statu quo actuel, les prévisions de la France sont d’augmenter sensiblement les capacités totales de l’éolien en mer passant des 0,002 gigawatts actuellement à presque 5 gigawatts en 2028.
En acceptant de remettre en question l’aménagement des rives de l’Hexagone, c’est environ 58 gigawatts qui pourraient être exploités en 2050 ! Pour illustrer le retard français en la matière, il suffit de comparer avec les capacités actuelles des deux leaders que sont le Royaume-Uni et l’Allemagne, avec respectivement 8,2 et 6,4 GW.
Est-ce réellement positif pour l’environnement ?
Le rythme actuel d’installation des éoliennes en mer représente une capacité de 3 GW/an. Les prévisions estiment qu’il sera porté à 7 GW à partir de 2025. Néanmoins, pour être capable d’atteindre l’objectif d’une capacité totale de 450 GW à l’horizon 2050, la cadence devrait s’accélérer pour atteindre 20 GW par an ! On est donc encore bien loin du compte.
L’urgence est dans l’investissement. Selon l’association WindEurope, il est indispensable de quadrupler les investissements dans les infrastructures offshore d’ici 10 ans, passant de 2 milliards d’euros annuels à 8 milliards, puis les doubler jusqu’à atteindre environ 15 milliards par an, à partir de 2030. Ces efforts financiers s’entendent à l’échelle européenne, avec des résultats qui profitent à l’ensemble des pays du continent.
Davantage d’éoliennes signifie davantage d’espace occupé. L’impact d’une telle politique sur l’environnement n’a pas que des aspects positifs, dans la mesure où les pales en mouvement sont quelquefois percutées par des oiseaux ou des chauves-souris. Néanmoins des dispositifs de radars installés sur les éoliennes permettent dorénavant de repousser les volatiles. L’implantation d’éoliennes agit d’autre part sur la flore maritime, mais là encore les zones d’aménagement des parcs sont telles qu’elles ne se situent pas à un endroit sensible pour la biodiversité.