Patrimoine • 24 octobre 2019
La base sous-marine de Bordeaux : de la guerre au mystère
Se plonger dans une des cinq bases sous-marines de la côte Atlantique hexagonale et y découvrir des œuvres de street art : voici la mue inouïe d’un espace bétonné qui s’est transformé en lieu de création culturelle et numérique. Cette exposition « Légendes Urbaines » a eu lieu en 2018 dans la base sous-marine de Bordeaux, et a témoigné du potentiel artistique de cette base militaire désaffectée.
Un vestige de la Seconde Guerre mondiale
Lorsque les Allemands occupent la France à partir de 1940, ils demandent aux Italiens de participer à la fortification de la côte Atlantique contre les Alliés britanniques. L’Italie construit ainsi Betasom, la base bordelaise, destinée à servir de point de départ pour une trentaine de submersibles italiens. Pendant près de deux ans, un bunker est érigé, mesurant 245 mètres de longueur sur 162 mètres de largeur et 20 mètres de hauteur. Une première couche de béton armé de plus de 3 mètres et demi d’épaisseur est doublée d’une seconde de 2 mètres. Cette solide protection bétonnée a tenu bon face à des bombardements américains en 1943.
Une ruche massive de sept alvéoles centrales équipées de ponts roulants a alors abrité les engins sous-marins italiens puis les U-boots allemands.
Entre décor et scène
Après les capitulations italiennes puis allemandes, la base est laissée à l’abandon, nonobstant les ateliers qui sont utilisées par l’industrie métallurgique. C’est avec la conversion culturelle que ce bloc gris reprend une vie moins sombre. Le long-métrage du cinéaste Jean Caurol Le Coup de grâce utilise la base sous-marine dès 1964 comme décor, tandis qu’en 1978 le festival Sigma en fait une scène de théâtre. Dans les années 1990, c’est le Conservatoire International de la Plaisance de Bordeaux y fait sa place.
Un espace culturel prometteur
Aujourd’hui, la base sous-marine de Bordeaux abrite des expositions et événements culturels temporaires. C’est ainsi le cas du jeune artiste français Clément Cogitore, lauréat du prix Marcel Duchamp 2018. Un film argentique et neuf vidéos seront exposés jusqu’au 5 janvier 2020 au sein de l’ancien espace militaire. Surtout, un projet de son et lumières est porté par Culturespaces, une filiale d’Engie mandatée par la ville de Bordeaux, autour des œuvres du peintre Gustave Klimt. Il devrait être ouvert au public à partir d’avril 2020. Ce seraient 300 à 400 mille visiteurs annuels qui seront attendus, selon l’adjoint municipal à la culture Fabien Robert.
Une belle reconversion culturelle pour un site côtier véritablement insolite en marge de la ville.