Patrimoine • 18 septembre 2019
Hommage en mer aux marins de La Minerve
Entre tristesse et apaisement… C’est un mélange de fortes émotions qui s’est emparé des familles des cinquante-deux marins disparus dans le sous-marin « La Minerve ». Ce bâtiment d’attaque, parti le 27 janvier 1968 en mission de routine au large de Toulon, avait sombré en seulement quatre minutes, laissant planer le mystère quant aux conditions de sa disparition et de son destin brisé en mer. Entre questions et rumeurs, la Minerve avait laissé un vide béant dans le cœur des familles des membres d’équipage et de l’Armée Française.
Cinquante-et-un ans après le drame, la Ministre des Armées, Madame Florence PARLY, déclenche une nouvelle opération de recherches, à la demande des familles. En juillet 2019, l’épave de la « Minerve » est localisée par les drones sous-marins du navire américain Seabed Constructor, à partir de cartographies réalisées par l’IFREMER. Brisée en trois morceaux, la Minerve, sous-marin de la classe Daphné, gît par 2370 mètres de fond à trente-cinq kilomètres des côtes.
Un demi-siècle d’attente
Et ce sont tant de questions qui ont ponctué cinquante-et-une années des vies des familles de ces marins, qui trouvent aujourd’hui une réponse, pour peut-être arriver à faire le deuil de ces pères, de ces frères, de ces maris, de ces fils. En l’espace d’une annonce officielle, ce sont des années de doute, d’espoir, de peine, d’attente, qui soudain s’évanouissent pour laisser place à une nouvelle étape, celle de la compréhension de l’histoire et de son dénouement aussi cruel soit-il. « Apaisement », « sérénité », « choc violent » : bourdonnement d’émotions contradictoires des familles éprouvées par ce vide lancinant qui a ponctué un demi-siècle d’attente.
Hommage en mer
Dans ce long chemin de deuil, les familles et toutes les personnes touchées par ce drame ont enfin pu rendre hommage à l’équipage de la Minerve sur les lieux de l’accident. Des cérémonies ont été organisées à Toulon afin de saluer la mémoire de ces hommes fauchés par le destin. Ainsi le samedi 14 septembre s’est tenue une messe à 14H30 en l’église Saint-Jean Bosco, suivie d’une cérémonie ouverte à tous au Monument National des Sous Mariniers. Le lendemain dimanche 15 septembre, une deuxième cérémonie intime et réservée aux familles des marins fut organisée en mer, à l’aplomb de l’épave. Instants essentiels qui constituent un jalon dans le processus de reconstruction que vivront les familles, en présence de Madame Florence PARLY, Ministre des Armées, et de l’Amiral Christophe PRAZUCK, Chef d’Etat Major de la Marine.
L’épave pourra-t-elle apporter une explication ?
Hervé Fauve, fils du Commandant de la Minerve, attendait depuis cinquante-et-un ans de retrouver son père. À travers son site Internet consacré à la catastrophe, il a réussi à tisser des liens avec de nombreuses familles de marins. Avec patience et détermination, il a observé les photos et vidéos rapportées par les drones, en vue d’émettre de nouvelles hypothèses basées sur l’état de la partie centrale du sous-marin. Cependant, comme le déclare le vice-amiral d’escadre Charles-Henri du Ché, préfet maritime de la Méditerranée, l’épave de la Minerve est considérée comme une sépulture marine, et ne sera donc pas renflouée. Et l’espoir de tenter de comprendre les raisons du drame à partir des photos et vidéos reste bien mince, en raison de l’état de l’épave… La Minerve restera au fond des eaux, gardant avec elle l’histoire de ces marins, une histoire prolongée désormais par les familles, le souvenir, la mémoire.