Faune & Flore • 4 mai 2019
La faune marine perturbée par la pollution sonore
Depuis plusieurs mois, de nombreuses voix s'élèvent afin de dénoncer une forme de pollution peu médiatisée, car invisible : la pollution sonore sous-marine.
Nous le savons aujourd’hui : la pollution marine se décline en une multitude de causes à effets absolument dévastatrices, remettant grandement en question la pérennité possible de la faune marine telle que nous la connaissons.
De quoi s’agit-il ?
Avant toute chose, il est nécessaire de définir les trois origines possibles des sons présents dans les profondeurs des océans. Ainsi, la première source provient, tout naturellement, de conditions physiques : les intempéries, turbulences en mers, le mouvement des icebergs, les vagues, etc. Ces sons ont toujours existé et font partie intégrale de l’univers maritime, il en est de même pour les sons d’origine biologique, émis par le mouvement ainsi que par la communication des animaux sous-marins.
La troisième et dernière source de bruits sonores sous-marins sont d’origine anthropogénique. Ceci signifie que cette catégorie sonore est directement liée aux activités humaines : trafic maritime, drainage des fonds marins, activités militaires, etc. Ces bruits sont ainsi d’origine non-naturelle, et constituent ainsi ce que les spécialistes ont nommé la pollution sonore sous-marine.
En quoi les sons artificiels perturbent la vie sous-marine ?
Il a été possible de dénoter, depuis une dizaine d’années, une explosion du trafic maritime ainsi que des activités touristiques en pleine mer. Ces causes, ajoutées au drainage des fonds marins ainsi qu’aux activités pétrolières, dissipent dans l’océan des bruits divers : sonars de bateaux, sons de forage, de constructions, etc. Ces nombreuses sources sonores contribuent à faire de l’océan un lieu êxtremement bruyant, au risque de perturber durablement les écosystèmes y vivant.
Ainsi, les perturbations que cette cacophonie sous-marine entraîne chez les espèces y évoluant sont nombreuses : perturbées par les sonars des bateaux, les baleines ne parviennent plus à communiquer, et se retrouvent ainsi complètement déboussolées, elles, qui pourtant, sont pourvues d’un grand sens de l’orientation. Mais ce n’est pas tout : les nuisances sonores perturbent jusqu’à l’alimentation et la reproduction d’un grand nombre de poissons, déboussolés et rendus sourds par tant de bruits, fuient leurs lieux de vie privilégiés. Ces phénomènes sonores entraînent ainsi la mort de plusieurs centaines d’individus par an, en plus de modifier durablements leurs habitudes de vies, ainsi que leurs cellules auditives et sensorielles. Malheureusement, la plupart des mammifères marins utilisent l’ouïe pour se déplacer, communiquer, localiser les proies, migrer, éviter les prédateurs et les bateaux, se reproduire, etc.
Les cétacés et autres grands mammifères semblent ainsi être les plus touchés par la pollution sonore : en 2004, les plages des Bahamas ont accueilli un échouage de masse de baleines à bec, bientôt suivie par les îles Canaries, l’Espagne, l’Italie, et même les plages du Var en 2018. Les scientifiques ont pu constater un lien de causalité entre les nuisances sonores artificielles et ces catastrophes. Entre 2008 et 2010, les plages canadiennes ont accueilli plus de 10 000 narvals échoués, ayant retardé leur migration et modifié leurs routes habituelles afin de fuir les sonars militaires environnants.