Dossier • 15 mars 2019
L’après-naufrage du Grande America : même scénario que pour l’Erika ?
Ce mardi 12 mars, à 333 km des côtes Française de La Rochelle, le navire Grande-America a sombré. Un incendie non maîtrisé à bord aurait déclenché la catastrophe, ayant entraîné le bateau et ses 365 conteneurs à plus de 4 500 mètres de profondeur.
Cet incident n’est pas sans rappeler celui de l’Erika en 1999, un navire pétrolier affrété par Total qui avait sombré au large des côtes bretonnes. Ce naufrage avait entraîné une marée noire dévastatrice sur les plages françaises, qui a pollué plus de 400 km de côtes et impacté près de 150 000 oiseaux marins.
Bien que la quantité d’agents polluants déversée dans l’océan ne soit pas similaire, (près de 31 000 tonnes pour l’Erika contre 2 200 pour le Grande America), les images chocs de 1999 d’immenses galets noirs d’hydrocarbures flottant à la surface de l’océan sont dans tous les esprits. L’inquiétude est donc de mise quant aux répercussions écologiques de cette nouvelle marée noire.
Les autorités répètent que le parallèle entre ces deux catastrophes n’est pas d’actualité, et estiment que la pollution provoquée par la disparition de Grande America sera très localisée. Pourtant, ce sont bien 70 tonnes d’acide sulfurique, une centaine de tonnes d’acide chlorhydrique en plus de 45 autres matières dangereuses qui ont été déversées à seulement 300 km des côtes de la métropole.
La gestion de l’après-naufrage
En ce moment-même, les autorités compétentes ainsi que les sociétés de lutte anti-pollution sont à l’œuvre afin de contenir et de nettoyer au plus vite les deux nappes chimiques s’échappant de l’épave. En effet, une première nappe de 13 km de long pour 10 km de large a été repérée, ainsi qu’une deuxième de 9 km de long par 7 km de large.
Le 13 mars, le BSAA Argonaute (Bâtiment de Soutien et d’Assistance Affrété) a été recquisitionné par l’autorité du préfet maritime afin de débuter au plus vite les opérations de nettoyage. La course contre la montre a donc débuté, malgré une météo très défavorable. Le but est d’empêcher au possible ces déchets d’atteindre les cotes françaises, car une tonne d’hydrocarbures présents en mer est multipliée par dix lors de son échouage sur la terre ferme. De plus, la dérive en mer de plusieurs conteneurs présents sur le navire lors de son naufrage, inquiète les autorités. Cette cargaison pourrait en effet entrer en collision avec d’autres navires, et entraîner de ce fait un effet domino de naufrages, ce qui représenterait une catastrophe maritime sans précédent.
Dans le but d’obtenir un inventaire complet des marchandises et produits transportés par Grande America, l’Association Robin des bois a annoncé publiquement sa grande intention de porter plainte contre X.
L’arrivée d’une nouvelle marée noire
Il faudra donc s’attendre à une nouvelle marée noire sur les côtes Bretonnes et Girondines d’ici au début de la semaine prochaine, et ce, malgré les opérations de nettoyage et de pompage en cours. En effet, des résidus de produits chimiques, de fioul et de morceaux d’objets vont atteindre la métropole sous forme de résidus, entraînés vers les côtes par le mauvais temps et les marées.
Contrairement à Erika, le chavirage de Grande America va engendrer une coexistence de divers types de pollution, qui risque de faire durer dans le temps l’échouage des résidus et rendant le pronostic environnemental incertain et aléatoire.
Les conséquences écologiques des marées noires se présentent sous diverses formes. La présence d’hydrocarbures en telle quantité dans les eaux, amène à la disparition de plusieurs centaines d’individus de la chaîne alimentaire, de la flore maritime jusqu’aux oiseaux côtiers, qui s’embourbent dans les galets de fioul et finissent par mourir d’épuisement ou d’intoxication. La pollution de l’eau à une telle échelle entraîne la création de zones mortes au sein des espaces maritimes, désertées de toute présence de vie.
L’ampleur des effets écologiques de cette catastrophe est encore à déterminer, et des prévisions réalistes ne pourront être communiquées qu’au moyen terme, au vu de la complexité des opérations anti-pollution. L’heure est à la mise en place d’actions rapides et stratégiques afin de gérer au mieux cette nouvelle crise écologique. Il nous faudra donc attendre les résultats des opérations en cours, qui, nous l’espérons, seront porteurs de nouvelles plus encourageantes.