Lifestyle • 8 janvier 2019
A 24 ans, elle crée un savon exfoliant en byssus de moules
Lucie Mandras, tout juste diplômée de design de la transition, lance son entreprise de cosmétique avec Eïos, ses savons en fil de moules
Elle n’a que 24 ans et pourrait débarrasser les mytiliculteurs d’un déchet qui coûte cher. Lucie Mandras, fraîchement diplômée en design de la transition, lance son entreprise de fabrication de savons exfoliants à base de byssus de moules.
Sur tout le littoral français, les mytiliculteurs se demandent comment recycler cet onéreux déchet. Plutôt que de payer pour le jeter, ils préféreraient le vendre en tant que matière première. Voire, le donner, dans un premier temps. Certaines entreprises ou collectivités se penchent sur le sujet de ce recyclage mais, pour le moment, les cosmétiques à la barbe de moules ne sont pas légion. On essaie d’en faire de la colle, de réfléchir à des applications dans la chirurgie, le bâtiment, la déco.
Le fil de moule est bon pour la peau
Le byssus c’est donc l’ensemble de petits fils marron très résistants que le mollusque bivalve produit pour s’accrocher à son proverbial rocher. Lucie Mandras, 24 ans, l’insère dans les savons qu’elle a mis au point après plusieurs années durant ses études. Ainsi, il confère un pouvoir exfoliant doux lorsque l’on frotte le savon sur la peau. Basée à Concarneau, la jeune femme a baptisé son projet Eïos – Soie Marine. En effet, la « soie marine » était le nom utilisé dans l’Antiquité.
La soie marine au bout du fil
La jeune Bretonne a déroulé le fil de ses études autour de celui des mollusques. Elle mène ses études à l’École européenne supérieure d’art de Bretagne (EESAB) à Brest. Elle se spécialise dans le design de la transition (écologique, économique,etc.). « Le but, précise-t-elle, consiste à repenser les pratiques du design dans le cadre de l’enjeu de la transition. J’ai travaillé au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Personnellement, mon affinité avec le contexte du littoral et de la mer m’ont poussée à me diriger vers un produit marin. » Elle intitule son mémoire de fin d’étude « Soie marine ». « J’avais commencé par me pencher sur les algues puis, au fur et à mesure de mes recherches, j’ai découvert que le byssus est utilisé depuis des millénaires mais aujourd’hui jeté par les mytiliculteurs. La science commence à étudier sa revalorisation. »
Un luxe dans l’Antiquité
Dans l’Antiquité, le byssus était utilisé dans le textile. Mais c’était celui de la de grande nacre, plus facile à tisser. « Il en résultait un tissu luxueux surnommé la soie marine » explique Lucie Mandras. Durant ses études, elle partage ses recherches avec des étudiants de l’Université Brest, Compositic, une entreprise de biomatériaux à Lorient, Explore à Concarneau et une fileuse-tisserante à Brest. « J’avais pas mal de pistes en sortant de mon diplôme: textile, cosmétique, biomatériaux. J’ai choisi celle qui me semblait la plus pertinente et où je me sentais la plus à l’aise: la cosmétique. En effet, les microbilles sont désormais interdites dans la composition des exfoliants. Donc le byssus peut les remplacer et répondre à cet enjeu. »
En thalassothérapie
« J’ai mis au point une recette de savon, travaillé sur le packaging, déroule la jeune femme. J’ai fait tester les savons. Maintenant, je vais développer l’entreprise pour vendre les savons dans des magasins spécialisés, des boutiques en rapport avec la mer. Dans un second temps, j’approcherai les magasins bio et les centres de thalassothérapie ainsi que la vente par correspondance. »
Renseignements: lucie.mandras@gmail.com.
Gaëlle Richard