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Une vue du projet du futur port / Photo Port de La Cotinière

Dossier 25 janvier 2018

La Cotinière entame une mue à 60 millions d’euros

Charente-Maritime

Le premier port de pêche de Nouvelle-Aquitaine aura un troisième bassin, un chenal accessible 24h/24 et une nouvelle criée visible par les touristes

Le port de La Cotinière va subir un impressionnant réaménagement. Premier port de pêche de Nouvelle-Aquitaine, 6e de France, il sera agrandi d’un troisième bassin et d’une nouvelle criée ouverte au tourisme. Un nouveau quai sera construit, la digue rallongée et le chenal accessible quelle que soit l’heure de la marée. Un ponton de plaisance pourrait même se faire une place sur le bassin n°1. Un chantier de 62 millions d’euros et trois ans de travaux.

« Le port est relativement récent mais il est obsolète » explique Nicolas Dubois, directeur du port de La Cotinière. Il a été construit en 1860 et la première criée édifiée en 1910. Les deux bassins échouent à marée basse. La criée est dimensionnée pour traiter un volume de 2000 tonnes de poisson par an alors que l’apport actuel est de 5500 tonnes.

« Cela fait vingt ans que l’on attendait ! » sourit Nicolas Dubois.

Au-delà des infrastructures portuaires, c’est tout le bourg et la promenade le long du port qui seront transformés avec une meilleure fluidité des passants et des voitures. « La moitié de la flotte part à la journée, détaille Nicolas Dubois. L’autre pratique des pêches de trois jours. Et une poignée de bateaux part pour cinq jours. Mais tous sont tributaires des horaires des marées pour décharger leur marchandise. »

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Le futur port de La Cotinière s’ouvrira aussi sur une promenade vers l’océan / Photos Port de La Cotinière

Les travaux se dérouleront entre décembre 2018 et la mi-2021 dans le cadre d’un partenariat public-privé entre le Conseil départemental de Charente-Maritime et le groupe Vinci. La gestion du futur établissement sera assurée par le Département et la municipalité de Saint-Pierre d’Oléron.

L’enjeu pour les professionnels

Le réaménagement du port de Charente-Maritime représente une petite révolution en premier lieu pour les marins (environ 300) et pour les professionnels du secteur : mareyeurs, poissonniers, mécaniciens, etc. (environ 800 personnes). La principale révolution sera l’accessibilité du chenal et du nouveau bassin en eaux profondes à toute heure de la marée pour des bateaux jusqu’à 2,50m de tirant d’eau, la majorité des bateaux inscrits à La Cotinière. Ce n’est pas le cas actuellement. Ne pas pouvoir rentrer au port à n’importe quelle heure représente une forte contrainte et peut engendrer une perte de compétitivité pour les pêcheurs.

« Pour le moment, les bateaux ne peuvent entrer dans le port que deux à trois heures avant et après la pleine mer. Cela ne laisse que deux fenêtres de 6heures par jour. Cette contrainte pose des problèmes de logistique, de compétitivité pour attraper les horaires de criée. »

Comme le chenal sera creusé pour rendre possible le passage 24/24, les navires pourront rentrer si le vent forcit trop. « C’est une question de sécurité. »

Les touristes en profiteront aussi

En second lieu, la refonte du port impactera positivement tout le secteur touristique notamment les restaurants et les commerces puisque la promenade sera aménagée et la criée visible, depuis le haut du bâtiment (un peu comme au Guilvinec).

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Les touristes profiteront aussi de la restructuration du port grâce à la nouvelle promenade

Un potentiel de 300.000 touristes a été identifié. Le cheminement piétonnier leur permettra d’assister au spectacle de l’arrivée des bateaux, au débarquement du poisson et à la salle des vente aux enchères montantes ou descendantes.

La criée sur Internet

« Aujourd’hui, 40 % de nos acheteurs ne sont pas présents physiquement dans la salle des ventes, précise Nicolas Dubois. Ils sont reliés par Internet. En revanche, notre criée n’est pas dimensionnée pour la massification des ventes. » Elle ne l’est pas non plus d’ailleurs pour faciliter le travail des mareyeurs ou poissonniers qui, faut de bord à quai à l’arrière de l’établissement, doivent faire glisser sur le sol leurs caisses de marchandises fraîchement acquises jusqu’à leur camionnette. Dur pour le dos de ces travailleurs matinaux. « Dans la future criée, toute la logistique sera repensée. Nous pourront massifier les ventes. Au lieu de vendre 1,5 tonne par lots et d’y passer 1h30. On vendra cette tonne et demi en 3 minutes et tout le monde sera gagnant. »

Gaëlle Richard

Le port cotinard face à l’évolution technologique

Fin XIXe et début du XXe siècle : bateaux à voile, beaucoup pêchent le homard et crevette grise. Première criée 1910, surtout la sardine. 1970 : tournant technique = apparition des fileyeurs et chalutiers. 70’ 2000 tonnes par an 2 millions d’euros de transactions. Le deuxième bassin, à échouage, a été creusé dans les années 80. 2016 : 5500 tonnes et 30 millions d’euros de transactions. 2017 : 6e rang français. La taille des navires a augmenté au XXe siècle mais pas les infrastructures cotinardes. Dans les années 1920, les bateaux du port mesuraient entre 10m et 12m. Aujourd’hui, ils font entre 10 m et 21m.

Fiche d’identité

Chiffres d’affaires : 30 millions d’euros.
Poissons pêchés en majorité : la sole, le bar, la lotte et les langoustines. sèches, encornets, céteaux et maigres.
Deux ventes quotidiennes à la criée. Entre 10 et 15 tonnes s’échangent en moyenne tous les matins, 3 à 5 tonnes l’après-midi.

L’avis de Christophe Sueur, maire de Saint-Pierre d’Oléron

Le projet importe aussi beaucoup pour le volet touristique de la commune. « Il est obligatoire de fermer l’espace portuaire, explique le meire de Saint-Pierre d’Oléron, pour qu’il n’y ait pas de gêne sanitaire entre débarquement du poisson et vente à la criée. Or, il était dans les habitudes pour les touristes de venir voir. Les services vétérinaires refusent ce croisement des publics. Mais le port attire par ses couleurs, ses bateaux, son environnement… Il y a beaucoup de monde. Durant un séjour, les publics viennent deux fois sur le port. C’est un endroit très aimé car il y a un contact entre les pêcheurs qui aiment partager la passion de leur métier. Certains organisent des visites de bateaux à quai. On constate un réel engouement vers ce métier traditionnel qui fait rêver. On a donc anticipé la demande par la création d’un toit doté d’un parcours piéton et de panneaux informatifs sur le village,des explications sur les métiers et les bateaux. On pourra voir les bateaux et observer la criée par des baies vitrées devant un belvédère vers l’océan. Pour le territoire oléronais, la façade portuaire et le flux automobile seront à retravailler, la maison du garde phare sera réhabilitée pour la SNSM avec une exposition sur leur histoire dans le golfe de Gascogne. »