Faune & Flore • 21 février 2022
Des résidus d’antidépresseurs retrouvés dans des cours d’eau où vivent les écrevisses
En plein essor, l’industrie pharmaceutique est le 6ème marché économique mondial. La pollution engendrée reste donc un sujet tabou qui détruit silencieusement notre écosystème.
À travers les eaux usées des ménages, des milieux hospitaliers ou encore des exploitations agricoles, les produits pharmaceutiques sont omniprésents dans les écosystèmes aquatiques du monde entier.
En règle générale, la concentration des résidus pharmaceutiques dans la nature reste faible. Cependant, l’exposition aiguë et chronique à ces produits impacte la dynamique écologique dans les écosystèmes maritimes.
Des altérations de comportements ont été observées chez les communautés aquatiques, notamment les écrevisses, à cause de leur exposition aux résidus de l’antidépresseur ISRS (Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine).
Étant prescrits chez l’humain dans le but de modifier la chimie du cerveau, les ISRS permettent de réguler l’humeur, la joie et l’anxiété en favorisant l’émission de la sérotonine. Au préalable, des recherches avaient montré la faculté des ISRS à freiner les comportements d’origine anxieuse et à accroître l’agressivité et l’action chez un certain nombre d’animaux aquatiques.
Chez les écrevisses, l’exposition à cette substance a permis d’observer un changement notable de comportement. Les crustacés montrent plus d’audace en allouant 400 % de temps supplémentaire à la recherche de nourriture. À la sortie de leurs abris et sous l’emprise de cet antidépresseur, les écrevisses mettent deux fois moins de temps à observer l’extérieur, ce qui augmente considérablement leur exposition aux prédateurs.
En raison du rôle central des écrevisses dans le milieu aquatique, l’impact de ces altérations comportementales est généralisé sur l’ensemble des fonctions écosystémiques et de la biomasse.
Aujourd’hui le combat écologique se retrouve face à un défi de taille pour l’ensemble de l’environnement aquatique affectée par ces perturbateurs.
Les études sur la pollution pharmaceutique devraient être prises au sérieux afin de trouver un moyen de contrôle empêchant ces substances de se retrouver dans nos mers et océans.