Économie • 2 février 2022
Grain de Sail repense l’import/export de manière plus écolo
Transporter des marchandises en voilier, de part et d’autre de l’Atlantique : cela vous évoque un passé lointain ? Détrompez-vous ! L’entreprise Grain de Sail remet au goût du jour le commerce transatlantique à la voile, et repense l’import/export de manière plus écolo.
La genèse du projet
Olivier et Jacques Barreau sont jumeaux, originaires de Morlaix, dans le Finistère, et surtout experts en énergies renouvelables. Dès 2010, ils ont l’idée de financer la construction d’un voilier cargo qui transporterait des matières premières de qualité à travers l’océan Atlantique, en limitant au maximum les émissions de CO2. Leur objectif : innover pour un commerce équitable et plus respectueux de l’environnement.
Fin 2020, la goélette Grain de Sail (du nom de l’entreprise des frères Barreau) quitte son chantier naval et se lance pour sa première traversée de l’Atlantique. Sa mission est de rapporter d’Amérique Latine du cacao et du café qui alimenteront l’atelier de torréfaction et la chocolaterie que l’entreprise possède à Morlaix.
Un voilier cargo unique au monde
Voilà les industriels-épiciers devenus armateurs d’un voilier cargo qui, comme ses ancêtres, avance à la force du vent mais bénéficie également des technologies modernes. De la « rétro-innovation », comme aiment à le dire Olivier et Jacques Barreau.
Grain de Sail, c’est un monocoque en aluminium de 24 mètres de long, gréé de 2 mâts de 24,15 mètres de haut portant jusqu’à 520 m2 de voilure. La cale, réfrigérée par des énergies vertes, peut accueillir 50 tonnes de chargement. Quatre marins sont nécessaires pour manœuvrer le navire.
Des transats écologiques
Pour optimiser chaque voyage transatlantique, il faut éviter les trajets à vide. Alors nos entrepreneurs bretons ont mis au point une sorte de « commerce triangulaire », mais celui-là respectueux et vertueux.
À chaque traversée, Grain de Sail quitte le port de Saint-Malo, chargé d’au moins 15 000 bouteilles de vin bio français. Elles sont destinées à être vendues à sa première escale : New-York. Ensuite, direction les Caraïbes et l’Amérique Latine pour y embarquer du cacao et du café vert achetés selon les principes du commerce équitable. Enfin, retour en France par Saint-Nazaire, point d’entrée obligatoire avant de rejoindre le port d’attache du voilier : Saint-Malo.
Chaque année, Grain de Sail, son équipage et sa cargaison effectuent ainsi 2 à 3 voyages transatlantiques d’environ 3 mois chacun. Mais, voile oblige, la durée de chaque traversée est fonction des conditions météorologiques.
Le transport maritime de l’avenir ?
Forts du succès de leur entreprise, les fondateurs de Grain de Sail ne manquent pas d’ambition pour l’avenir. Après la mise en exploitation d’un second voilier cargo fin 2023, ils imaginent déjà de construire toute une flotte de bateaux à voile pour faire de l’import/export zéro carbone à travers les continents.
Des navires écologiques de différentes tailles et capacités, qui transporteraient une gamme plus large de produits (ils pensent thé, épices, rhum). Mais toujours dans une même démarche : des transports respectueux de l’environnement au service d’un commerce équitable et durable.