Nautisme • 12 juin 2018
Marseille-Carthage à la voile, un record pour braver le handicap
Un équipage en partie malvoyant, Rêve à perte de vue, s'engage sur le record méditerranéen. Avant d'autres courses au large
Nietzsche en figure de proue, un équipage malvoyant tente le record Marseille-Carthage à la voile. « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort » brandissait le philosophe. Joël Paris, skipper déficient visuel, en fait son étendard. A l’automne 2018, à bord de Timoun, un Half Tonner (9 mètres) de 1985, il engage un équipage, en partie déficient visuel, dans la tentative de record méditerranéen.
« Si on n’y parvient pas, on aura au moins établi le record de la traversée Marseille-Carthage en handivoile » sourit-il. Toujours une question de résilience.
« Mon but est de montrer qu’une difficulté peut devenir une force. Ca a l’air bête dit comme ça mais nous pouvons prouver que le handicap peut être un facteur de performances. »
Avec son association Rêve à perte de vue, Joël Paris, atteint d’une cataracte congénitale, entend participer à d’autres courses au large et projette, pour cela, de se doter d’un Class40: 900 Milles en Méditerranée en mars 2019, Giraglia Rolex Cup juin 2019, Rolex Middle Sea Race en octobre 2019 et Transat Jacques Vabre en octobre et novembre 2019. L’équipage va relier les côtes phocéennes à celles de Sidi Bou Saïd en Tunisie: 458 milles nautiques pour un nouveau record, avant de se mettre sur la ligne de départ de la Transat Jacques Vabres à l’automne 2019.
Voir avec ses quatre autre sens
Plusieurs membres de l’équipe de Rêve à perte de vue ont participé au Team Jolokia, LE, bateau de course au large porte-parole de la diversité. Joël Paris constituera son équipage avec l‘Institut pour déficients visuel de Marseille. Que les candidats se le disent: ce ne sera pas la croisière s’amuse. Pas question de lambiner sur la route. L’objectif reste de faire un bon chrono. « L’un des objectifs est de montrer que malgré qu’un handicap peut être facteur de performance« .
« Mes yeux sont mon handicap mais ils m’ont appris à penser autrement. »
Joël Paris prend l’exemple d’Olivier Brisse, « barreur exceptionnel ». Détenteur du record de vitesse en planche à voile pour une personne non voyante, il sent « mieux que personne les mouvements du bateau » affirme le skipper, « un peu à la manière des ostéopathes mal voyants qui sentent parfaitement le corps sous leurs doigts ».
Une cagnotte pour réaliser ce rêve
Pour pouvoir prendre la ligne de départ à l’automne, Rêve à perte de vue a mis en place une cagnotte sur laquelle tout le monde peut verser son obole. L’association a besoin de 5.000 euros pour se lancer à l’abordage des préjugés sur le handicap. Si Team Jolokia ou l‘Hermione Academy travaillent sur la diversité ou le vivre ensemble, Rêve à perte de vue est l’un des très rares bateaux engagés avec un équipage souffrant d’un handicap.
Gaëlle Richard
Pour contacter Joël Paris: 06 12 78 61 93 ou : reveapertedevue@gmail.com.