Découverte & Recherche • 19 novembre 2021
Les baleines mangent trois fois plus que ce que l’on pensait
Une nouvelle étude parue dans Natura a modifié les connaissances qu’on avait sur les quantités de nourriture absorbées par les cétacés à fanons. Le fait que les baleines consomment beaucoup plus qu’on ne pensait est extrêmement positif pour la santé de tout notre écosystème.
Le cycle plancton – krill – baleine
Le plus grand animal de la planète, la baleine bleue, peut consommer jusqu’à 16 tonnes de krill (petites crevettes) par jour. Si les autres 14 espèces mangent moins, la baleine franche « seulement » 5 tonnes et la boréale 6 tonnes, ces mysticètes contribuent ainsi à la bonne santé de nos océans mais également de la planète dans son ensemble grâce à son impact positif sur l’impact carbone.
De la quantité de nourriture absorbée dépend celle des excréments. Or on sait actuellement qu’ils participent à la productivité des mers en offrant à de nombreux organismes marins, des nutriments. Ceux-ci contiennent entre autres, du carbone, de l’azote et du fer qui est indispensable pour la photosynthèse. Elle va absorber les émissions de CO2 à l’instar des forêts.
Les déjections des baleines qui flottent sur la surface des océans, sont comparées à l’engrais.
La chasse industrielle et le massacre de 2 à 3 millions de baleines a engendré une atrophie du plancton qui participe à l’élimination du dioxyde de carbone.
Des observations fiables des cétacés
Des évaluations avaient déjà été faites auparavant sur base d’une comparaison avec d’autres espèces apparentées comme l’orque mais le résultat n’était pas convaincant parce qu’il s’agit de créatures aux besoins très différents. De plus, certaines espèces peuvent manger des quantités très importantes pendant plusieurs mois et après, faire un jeûne.
Les biologistes marins ont eu recours alors aux technologies modernes. Les drones qui permettent de repérer les zones à forte densité de krills. Des balises, GPS, capteurs lumineux, accéléromètres, magnétomètres, caméra ont équipé ces géants des mers. Le résultat : une quantité beaucoup plus importante que ce que les experts océaniques pensaient. Les balises ont montré une consommation par les baleines de 5 à 30 % de leur poids. Les gyroscopes et accéléromètres enregistrent les mouvements brusques et accélérations qui vont de paire parfois avec la saisie de krill. Pour la première fois, on a une analyse complète des habitudes de la baleine en matière de nourriture qui donne une note optimiste pour mers et océans.
Protection de la baleine
Même si pour certains biochimistes, on ne peut pas relier directement la quantité des baleines à celle des krills, ce cétacé a un rôle crucial dans l’écosystème.
Le réchauffement de la planète et la pêche intensive ont provoqué dans les régions polaires, une aggravation plus sensible de la hausse des températures ainsi qu’une acidification à l’origine de la baisse de phytoplanctons.
Les collisions avec les navires auxquelles on ajoute des méthodes de pêche peu adaptées, mettent encore en danger les populations de baleines déjà exposées à la pollution.
Depuis quelques années, le nombre de baleines est en augmentation. Toutefois, il faut accélérer la protection et gestion des océans face aux changements climatiques.