Environnement • 9 août 2021
La mangrove : première victime de la déforestation
Écosystèmes des régions littorales intertropicales, les mangroves marquent la frontière entre la terre et la mer. Reconnaissables à leurs palétuviers, les mangroves hébergent une biodiversité extrêmement riche et jouent un rôle écologique et socio-économique très important. Malgré cela, les mangroves sont au premier plan de la déforestation mondiale. Il devient urgent de s’engager dans la conservation de l’écosystème de mangrove pour lutter contre le dépérissement des forêts tropicales.
Un biome riche, mais rare
En tant qu’un des 14 biomes de notre planète, la mangrove regroupe des écosystèmes spécifiques marqués par une faible diversité végétale, mais pas une faune très variée.
En effet, pour survivre dans la mangrove, les végétaux doivent s’adapter à des conditions très particulières : mélange d’eau salée et d’eau douce, sol meuble, niveau des eaux qui varient selon les marées, eau pauvre en oxygène. Les palétuviers constituent la majeure partie de la végétation des mangroves, qu’ils ont pu coloniser grâce à leurs racines en échasses.
Concernant la faune, la mangrove est particulièrement riche : poissons, algues, crustacés, mollusques, reptiles (lézards, tortures, crocodiles, serpents), mammifères (hippopotames, loutres, lamantins, dauphins…), oiseaux.
Bien qu’elle soit répartie sur environ 123 pays à travers le monde, la mangrove ne représente que 1% de la superficie des forêts tropicales et seulement 0,4% des zones forestières du monde. En ce sens, il s’agit d’un écosystème rare.
Un rôle écologique et socio-économique
La mangrove joue un rôle écologique très important, et ce, à plusieurs niveaux. Premièrement, comme évoqué précédemment, elle renferme des écosystèmes qui ont pu se développer grâce à la richesse organique présente dans ses sols. À ce titre, les scientifiques estiment qu’un hectare de mangrove renferme près de 300 tonnes de matière organique, dont 15 tonnes produites chaque année.
L’apport écologique se mesure également dans la capacité de la mangrove à capter le carbone en excès, les métaux lourds et les polluants. Elle agit en quelque sorte comme un filtre permettant de « purifier » l’eau. Selon une estimation, un hectare de mangrove capte plus de 3700 tonnes de carbone.
D’un point de vue plus pragmatique, la mangrove joue un rôle socio-économique indispensable aux populations environnantes. Elle agit comme une barrière naturelle contre certaines menaces climatiques : tsunamis, érosion naturelle, tempêtes, élévation du niveau des mers. Les ressources qu’elle renferme comptent énormément dans l’économie des populations locales : bois, alimentation, pharmacopée.
Une mangrove menacée
Chaque année ce sont plus de 100000 hectares de mangroves qui disparaissent à cause de la déforestation. En seulement 40 ans, 50% de la superficie des mangroves a disparu, et 35% depuis les années 2000. La déforestation des mangroves est 3 à 5 fois plus rapide que celle des autres zones forestières de notre planète.
Plusieurs causes sont responsables de cette déforestation :
- Cultures de crevettes
- Cultures agricoles : riz, huile de palme, noix de cajou…
- Urbanisation
- Pollution
- Acidification des océans
- Élévation du niveau des mers
La déforestation fragilise tous les écosystèmes des mangroves, mais il s’agit aussi d’une menace pour l’homme. En effet, la déforestation de la mangrove entraine le rejet du CO2 stocké, accélérant le réchauffement climatique. Le dépérissement de la mangrove représente environ 10% des émissions de CO2 causées par la déforestation. Sans oublier le rôle protecteur qu’elle joue contre les menaces climatiques évoquées en amont.
Depuis 2015, le 26 juillet, l’UNESCO organise chaque année la Journée internationale pour la conservation de l’écosystème de la mangrove. L’objectif est de sensibiliser la population à l’effet de la déforestation de la mangrove et de trouver des solutions pour stopper ce dépérissement.