À la une • 6 août 2021
Le Naufrage de Neptune sur la Place Royale de Nantes
Structure monumentale de 17m de longueur pour 10m de hauteur, le Naufrage de Neptune a été composé par Ugo Shiavi dans la cadre de l’édition 2021 du Voyage à Nantes.
Né en 1987 à Neuilly sur Seine, l‘artiste a installé son atelier à Marseille. Sculpteur spécialisé dans le détournement, ses œuvres offrent un regard renouvelé sur les enjeux sociaux, politiques et écologiques contemporains, et entretiennent un dialogue constant entre le passé et le présent comme l’illustre le Naufrage de Neptune.
L’art fragmentaire un regard contemporain et un lien avec le passé
Se définissant comme un archéologue du présent, Ugo Shiavi mêle sculptures romantiques et antiques à des moulages d’hommes et de femmes contemporains.
Passerelles entre le passé et le présent, ses travaux narrent un récit et réalisent une mise en perspective du monde contemporain. Détournant ainsi le buste de Jeanne d’Arc ou de Neptune, le sculpteur fragmente les œuvres pour n’en retenir que la substantifique moelle, et ainsi permettre au spectateur de recomposer mentalement un récit sur notre monde.
Une vision désenchantée de l’avenir
La puissance de l’art repose sur une idée simple. Chaque spectateur peut interpréter de manière personnelle une œuvre. Toutefois, au considérant des travaux d’Ugo Shiavi, un axe de lecture peut être privilégié pour analyser le Naufrage de Neptune.
La structure représente la proue d’un navire éventré sur un récif, ce dernier étant la fontaine de la place royale. Aménagée en 1865 suite aux travaux d’Henri Théodore Driollet, cette fontaine glorifie le passé commercial de Nantes. Faire reposer l’épave d’un bâtiment commercial moderne sur cette icône transmet un message symbolique puissant : comme une passerelle temporelle entre deux visions du monde, l’artiste invite le spectateur à l’interroger sur l’avenir de notre civilisation. Reposant sur le commerce et le progrès, cette dernière entre aujourd’hui dans l’ère de l’anthropocène du fait des activités humaines, et risque de s’échouer comme ce vaisseau.
Face à cette composition monumentale, une interrogation légitime pourrait étreindre le spectateur : notre civilisation suit-elle le bon cap ?