Patrimoine • 21 avril 2021
Aujourd’hui, on vous parle d’un livre en soum-soum.
Les sous-marins : ces engins mystérieux aux enjeux stratégiques qui marquent la souveraineté en mer. Plongés dans les abysses, ils peuvent voir sans être vus et entendre sans être entendus.
Nous avons eu la chance de pouvoir recueillir le témoignage de l’auteur qui nous donne envie de dévorer ce livre.
Pouvez-vous nous dire qui est Eric Genevelle ?
Bonjour à tous. Eric Genevelle, j’ai 52 ans et je suis ingénieur commercial dans le domaine de la télémédecine, ce qui n’a rien à voir avec les sous-marins, bien que certaines expérimentations aient été faites à bord.
Comment parleriez-vous de votre livre ?
Ce livre rassemble toutes les informations relatives aux sous-marins qui ont navigué ou auraient pu naviguer entre 1945 à nos jours. Plus de 700 types de sous-marins sont ainsi décrits très précisément, avec une rigueur toute scientifique et technique.
On y trouve tous les sous-marins connus, mais aussi toutes les versions qui ont été déclinées de par le monde et surtout, tous les prototypes qui n’ont jamais vu le jour.
En plus de cette partie encyclopédique, j’y raconte des centaines d’anecdotes de construction, de navigation, de vie à bord. Certaines sont terrifiantes et d’autres beaucoup plus légères. On y parle d’accidents, de naufrages, de drogue, de sexe, de trafic financier, d’espionnage, etc.
L’ensemble de 630 pages se lit donc avec intérêt, tant pour les passionnés des sous-marins qui chercheront à identifier un bateau spécifique que pour le passionné de la mer qui voudra se détendre en plongeant dans les coulisses de la sous-marinade mondiale.
Avez-vous lu d’autres livres portant sur les sous-marins ?
Oui, tant des romans (Tom Clancy, Michael Di Mercurio, Patrick Robinson, Stephen Coonts), que des livres plus techniques traitant d’une marine d’un pays en particulier.
Il y a aussi des récits de sous-mariniers ou autres écrivains comme Robert Merle. Mais les livres ne sont pas tout.
Il y a internet. Pour peu que l’on sache comment chercher de l’information, on trouve. Après, il faut trier, recouper, vérifier… Mais le résultat en vaut la chandelle. Par exemple, si vous cherchez comment un sous-marin malaisien prie à bord, il faut chercher la religion qu’il pourrait pratiquer, trouver le nom de la prière qu’il voudrait faire, traduire la question dans la langue locale, trouver le moteur de recherche utilisé dans le pays, fouiller dans les forums, regarder si la pratique est autorisée tolérée ou encouragée …
Ces lectures vous ont-elles été utiles dans la rédaction de votre livre ?
Evidemment. N’étant pas sous-marinier, il me fallait de la donnée et les livres écrits par certains spécialistes ou sous-mariniers m’ont donné de la matière. Mais cela m’a aussi beaucoup aidé à me détacher de tout ce qui avait été écrit par ailleurs. Je ne voulais pas écrire un livre « de plus » sur les sous-marins, mais LE livre qui allait raconter ce que nul autre n’avait fait.
Tous les livres actuels passent souvent sous le filtre officiel des institutions car ils sont écrits par des auteurs proches des constructeurs ou du ministère de la marine (et c’est aussi le cas pour les autres pays). Le ton est très sérieux, protocolaire et peu ouvert à l’anecdote. N’étant pas du « sérail », je pouvais me permettre d’être beaucoup plus libre dans mes propos.
Comment vous est venu l’envie de vous lancer dans l’écriture d’un livre qui représente beaucoup de temps et de documentation, notamment lorsque ce n’est pas votre profession ?
Après avoir lu beaucoup de romans dans le domaine, j’ai un jour décidé d’en savoir plus sur les sous-marins. J’ai donc cherché un livre complet qui traite de tous les sous-marins du monde entier post seconde guerre mondiale (la période des U-boot avait été largement couverte par d’autres auteurs). Et ce livre, je ne l’ai pas trouvé. J’ai donc tout simplement décidé de l’écrire…
Quels conseils donneriez-vous pour se lancer dans l’écriture sans y avoir été « formé » ?
Avoir du temps ou plutôt se donner du temps pour le faire et prévenir son entourage que l’on va passer quelques longues heures devant son ordinateur.
L’autre conseil, c’est de noter tout ce qui vous passe par la tête et de stocker toutes les informations que vous pouvez trouver, même la plus insignifiante. Après des mois de compilation, le jeu est d’assembler le puzzle de toutes ces information en se définissant un style d’écriture, un ton que l’on va garder tout au long de l’ouvrage.
Enfin, il faut se donner une limite à ce travail de recherche car sinon, le livre n’est jamais fini. Il y a toujours des choses à rajouter. Il faut également se donner une limite dans l’approche technique du domaine. Etre précis, c’est bien, mais l’être trop, c’est prendre le risque que le livre n’intéresse plus personne.
Enfin, ne pas faire relire son manuscrit à trop de monde car chacun voudra y mettre son style (qui ne sera jamais le vôtre).
Pourquoi avoir choisi le domaine maritime plutôt qu’un autre ?
A cause de l’eau. J’y suis mieux que sur terre. Avant ce livre, j’ai beaucoup écrit sur les poissons du lac Tanganyika en Afrique de l’Est. Toujours l’eau. Peut-être parce qu’il y reste beaucoup à découvrir et que, quand on met la tête sous l’eau, on ne sais jamais ce qu’on va y trouver (sauf dans sa baignoire !).
Pourquoi avoir choisi les sous-marins au lieu des cuirassés ou autres engins militaires maritimes ? Qu’est-ce qui vous a saisi dans les sous-marins et leurs histoires ?
Je ne suis pas passionné par les engins militaires. D’ailleurs, le côté armement des sous-marins n’est pas celui qui est le plus développé dans le livre. Ce qui m’intéresse, c’est comment des hommes ont consacré autant d’heures à construire et à naviguer dans ces machines aussi complexes. Et puis, un sous-marin, c’est beau. Quel contraste entre ces lignes extérieures élégantes et ce capharnaüm de tuyaux à l’intérieur !
Avez-vous eu des retours de personnes qui vous ont marqué sur le livre ?
Oui beaucoup. J’étais à l’origine très inquiet du retour des sous-mariniers qui auraient pu voir d’un mauvais œil un auteur n’étant pas du sérail parler de leur bébé. Et à ma grande satisfactions les retours sont exceptionnels car ils découvrent d’autres sous-marinades et d’autres bateaux sur lesquels ils n’ont pas navigué.
Maintenant, sur les forums, ils acceptent que je les interroge sur des points très précis. C’est ma plus grande récompense ! Après, ma mère de 80 ans est en train de lire le livre. Chaque semaine, elle m’appelle pour me demander des compléments, des éclaircissements. Elle comprend tout et j’en suis très heureux. Du coup, elle a re-regardé le Chant du loup et elle a compris plein de choses qui lui avaient échappé lors du premier visionnage.
Êtes-vous passionné par d’autres domaines ?
Oui, comme je le disais, la faune du lac Tanganyika, le guitariste compositeur Mark Knopfler (qui a écrit une chanson sur les sous-marins), la géopolitique… Ce n’est pas ce qui manque.
Envisagez-vous d’écrire un nouveau livre ?
Depuis le jour où j’ai bouclé le manuscrit de ce premier livre, j’ai commencé à en écrire la deuxième édition. Chaque jour amène sa nouveauté dans le monde des sous-marins. De nouveaux projets, de nouvelles anecdotes, de nouvelles confidences…
Dans cette future édition, je traite également de sujets transversaux, comme la religion à bord, les traditions, la tolérance sexuelle. Ces sujets sont déjà traités dans le présent ouvrage, mais j’ai décidé de creuser. Ce sont des sujets sensibles qui ne sont jamais traités ouvertement par la Marine et les informations sont rares, encore plus pour des pays comme la Chine, le Japon, la Russie. C’est un véritable défit de trouver des données fiables.
Certains de ces sujets sont d’ores et déjà accessibles au lecteur sur le site www.eric-genevelle.fr . Un avant goût pour les lecteurs qui voudront poursuivre l’aventure au-delà de ce premier livre.