Économie • 1 février 2021
Allons-nous vers une pénurie mondiale de poisson ?
Le poisson est le produit naturel le plus vendu au monde, c’est une pierre angulaire de la sécurité alimentaire. Cependant, la dépendance mondiale vis-à-vis du poisson et sa surexploitation sont les plus grandes menaces qui pèsent sur nos populations de poissons.
Une demande en poisson de plus en plus accrue
Il y a des milliers d’année, nos ancêtres dépendaient déjà de la pêche pour vivre. La pêche n’avait et n’a toujours qu’un but : la capture. Lorsque l’on pêche, rien n’est semé, on « prend ». Ce comportement de chasse, conjugué à la demande accrue de poissons entraînée par la croissance de la démographie, a fait baisser les populations mondiales de poissons.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, environ 30 % des poissons sont surexploités, voire épuisés, parce qu’ils ne sont pas capturés dans une optique d’exploitation durable des ressources.
De même, 58 % ont été exploités jusqu’à leurs limites. Cela signifie qu’environ 90 % des populations de poissons exploitées commercialement sont épuisées ou en voie d’épuisement.
Tout espoir n’est peut être pas perdu. En adoptant une gestion intelligente des lieux de pêche, la plupart des populations pourraient croître à nouveau. Des modèles de réussites sont observés aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Norvège et dans l’Union Européenne où plusieurs stocks de poissons se sont reconstitués, en partie grâce à des restrictions et des quotas de captures plus stricts.
Les problèmes majeurs pour la préservation des populations de poisson
De nombreux pays en développement sont particulièrement dépendants de la pêche, en particulier lorsqu’il s’agit de leur activité économique principale. On estime qu’il existe environ 12 millions de pêcheurs artisanaux dans le monde tandis que la pêche industrielle n’emploie que 500 000 personnes.
Cependant, ces exploitations industrielles capturent plusieurs fois ce que les pêcheurs artisans tirent de la mer dans leurs filets. Les navires commerciaux équipés de technologies modernes comme l’écholocation, les avions de reconnaissance et les gigantesques filets, épuisent entièrement les lieux de pêche traditionnels. Ces grands navires naviguent sur toutes les mers du globe à la recherche des lieux de pêche les plus rentables, comme la zone au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest, où la réglementation des États est la plus souple et où ils peuvent aisément concurrencer les habitants.
La pêche illicite, non déclarée et non réglementée, constitue un autre problème majeur pour la préservation des populations de poissons. Elle consiste en une pêche ayant recours à des engins non autorisés, sur des périodes interdites ou dans des zones protégées, ainsi qu’en la capture d’espèces de poissons interdites ou en quantités supérieures à ce qui est autorisé. Les captures illégales représentent jusqu’à 31 % de la capture mondiale de poisson. On estime ainsi que 500 000 tonnes de poissons capturés illégalement circulent chaque année.
L’UE a mis en place des contrôles portuaires plus stricts, mais les poissons capturés illégalement se retrouvent toujours dans les assiettes des Européens. Les intérêts politiques sont également responsables des pressions sur les populations de poissons. Ainsi, pendant des années, l’Espagne et le Portugal, par peur du chômage, ont subventionné des flottes de pêche considérablement surdimensionnées et ont ainsi accéléré l’épuisement de leurs lieux de pêche.