Dossier • 9 juillet 2020
Les microfibres dans l’océan seraient d’origine naturelle ?
Les océans ne sont que peu touchés par la pollution aux microfibres plastiques ? Zoom sur la nouvelle étude.
Une étude parue dans la revue Science Advances le 5 juin dernier met en lumière de nouvelles interrogations. Quel rôle joue le textile dans la pollution des océans ?
En quoi consiste cette étude ?
La pollution aux microfibres de textile joue un rôle important dans la pollution des océans. C’est du moins ce que les scientifiques s’accordaient à penser. Toutefois, une nouvelle étude parue sur le sujet semble contredire en partie cette théorie.
Cette dernière est parue le 5 juin 2020 au sein de la très sérieuse revue Science Advances. Elle est menée de front par Peter Ryan, un biologiste exerçant au sein de l’université du Cap, accompagné par ses collègues. L’étude, basée sur 916 échantillons provenant de six océans, a mis en lumière une nouvelle hypothèse au sujet de la pollution aux microfibres. En effet, le biologiste et ses collègues ont découvert que 79,5 % des microfibres présents dans ces échantillons provenaient du coton, que 8,2 % d’entre elles contenaient en majorité des fibres plastiques, et que 12,3 % d’entre elles provenaient d’origines animales.
Or, cette découverte vient contredire d’importantes théories sur la dégradation des microfibres, puisque l’on pensait jusqu’alors que les microfibres présentes dans les océans étaient majoritairement composées de synthétique. Jusqu’ici, les scientifiques pensaient donc que les microfibres biodégradables, telles que la laine et le coton, se dégradaient très rapidement, et ne persistaient pas longtemps au sein des océans.
Quelles leçons faut-il en tirer ?
Ainsi, cette étude récente permet de mettre en lumière une hypothèse jusque-là impossible à envisager. Les océans ne sont que très peu touchés par la pollution aux microfibres plastiques. La prudence est cependant de mise, car même en comprenant que seul 8,2 % des échantillons prélevés comprenaient des microfibres polluantes, cela représente tout de même une menace pour la biodiversité.
De la même manière, si 79,5 % des microfibres retrouvées dans les échantillons sont considérées comme biodégradables, il est fortement possible que celles-ci soient tout de même polluantes et nocives pour les environnements marins. En effet, selon les scientifiques en charge de l’étude, ces échantillons dits « naturels » contiennent tout de même des polluants chimiques, ne serait-ce que des teintures chimiques et des substances retardatrices de flamme.
Il est donc fort à parier que la présence en grand nombre de microfibres naturelles au sein des océans ne soit pas une si bonne nouvelle pour la préservation de la biodiversité. Cette pollution en entraînerait ainsi une nouvelle, directement liée à la présence d’éléments chimiques et nocifs au sein des eaux des océans. Les microfibres naturelles participeraient ainsi au blanchiment des coraux et à la perturbation de l’écosystème marin dans sa globalité.