Insolite • 20 avril 2020
Le saviez-vous ? Le Bismarck
Construit entre 1936 et 1939, le cuirassé Bismarck fut mis en service en août 1940 par l’Allemagne nazie. Il était alors le plus grand navire de guerre Allemand et le plus grand cuirassé d’Europe.
Véritable machine de guerre, il était conçu pour résister aux violentes attaques ennemis. Devenu l’orgueil de la Kriegsmarine et la bête noire de Winston Churchill, le Bismarck sombre dans l’Atlantique le 27 mai 1941.
Mais le saviez-vous ?
1. Construction
Le Bismarck est mis à l’eau le 14 février 1939 à Hambourg en présence d’Adolf Hitler. Le nom donné au cuirassé rend hommage à l’ancien chancelier Otto von Bismarck. Long de 251 mètres, large de 36 mètres, le cuirassé pèse près de 50 300 tonnes ce qui en fait le plus grand navire de guerre allemand, et l’un des plus grand du monde derrière les cuirassés japonais Yamato et Musashi.
Véritable machine de guerre, le Bismarck est équipé de quatre tourelles doubles de 380mm pouvant tirer trois obus par minute à 36 500 mètres de distance. Il dispose également de douze canons de 150mm et seize canons de 105,8mm. Son artillerie antiaérienne se compose de douze canons de 20mm et de 16 canons de 37mm. Le vaisseau dispose d’une ceinture blindée de 320mm, et le blindage de ses ponts est lui aussi renforcé : entre 50mm et 120mm pouvant lui permettre de résister aux attaques et continuer de mener le combat face à l’ennemi.
Il est alors le navire le plus moderne de son époque, capable d’allier puissance de feu, vitesse, maniabilité et protection. Les moteurs du Bismarck lui permettent d’atteindre une vitesse maximale de 29 nœuds (53,7 km/h), bien que lors des essais en mer, le bâtiment avait réussi à atteindre une vitesse de 31,1 nœuds (57,6 km/h).
2. Première bataille
Le 21 mai 1941, le Bismarck prend la mer en compagnie du croiseur lourd Prinz Eugen. Ils ont pour missions de couler les convois ennemis dans l’Atlantique. Le cuirassé allemand est repéré par deux croiseurs britanniques. La menace est prise au sérieux et l’amirauté décide de renforcer sa présence en envoyant le HMS Hood (fleuron de la Royal Navy) et le HMS Prince of Wales contrer le Bismarck. À l’aube du 24 mai 1941, les vaisseaux allemands se placent en position et ouvrent le feu sur les navires britanniques qui ripostent en prenant pour cible le Bismarck.
Alors que le Hood se trouve à environ 18 000 mètres de distance, le Bismarck fait mouche en envoyant un obus qui explose dans la soute à munitions. L’explosion est si violente que le navire se brise en deux et sombre en trois minutes avec la quasi-totalité de son équipage. On ne compte que trois survivants. Le Prince of Wales touchera le Bismarck à trois reprises avant de battre en retraite.
Après la bataille, les allemands font le bilan des dégâts. Le Prinz Eugen s’en sort indemne contrairement au Bismarck, frappé par un obus au-dessus de l’étrave. Le navire prend l’eau et s’enfonce par l’avant. Même si l’avarie est stabilisée le cuirassé prend la direction des ports français pour y être réparé.
3. Poursuite dans l’Atlantique
La perte du Hood provoque l’émoi en Angleterre. Winston Churchill décide de mobiliser l’ensemble de la flotte britannique pour traquer le cuirassé allemand. Le Bismarck souhaite rejoindre le port de Brest pour subir les réparations nécessaires pendant que le Prinz Eugen poursuivra seul la mission. Contraint de réduire sa vitesse en raison de ses avaries, le Bismarck arrive à maintenir une allure qui devrait lui permettre d’atteindre les côtes françaises avant d’être intercepté par les britanniques.
L’aéronavale est l’avantage de la Royal Navy sur la flotte allemande. Des biplans torpilleurs décollent du Victorious pour attaquer le Bismarck. Les manœuvres de celui-ci pour éviter les torpilles aggravent ses dommages et sa voie d’eau. Dans la soirée du 26 mai 1941, les avions décollent pour une dernière attaque avant la nuit. Seulement deux torpilles touchent leurs cibles. Si l’une d’elles n’a pas d’effet sur le monstre d’acier en raison de sa ceinture blindée, l’explosion de la deuxième touche son talon d’Achille : son gouvernail se bloque sur une inclinaison de 12°. Le Bismarck est alors incontrôlable et fait de larges cercles l’éloignant des côtes françaises.
4. Dernier combat
Alors que les britanniques pensent que le Bismarck à changer de cap pour venir les défier, la situation à bord du bâtiment allemand est dramatique. Le navire ne répond plus à aucun ordre, et les tentatives de réparations ont échoué. L’équipage qui ne compte pas se rendre, décide de se préparer à mener le combat jusqu’au dernier obus.
A l’aube du 27 mai 1941, le Bismarck mène sa dernière attaque contre les navires de la Royal Navy. Alors que les canons et les superstructures du vaisseau allemand sont déchiquetés par les tirs des obus ennemis, les torpilles envoyées par les destroyers ne parviennent pas à percer le blindage de sa coque. L’équipage du Bismarck refuse que le navire tombe entre les mains des ennemis et décide de saborder le bâtiment qui sombre dans l’océan Atlantique emportant avec lui une grande partie de son équipage. Sur les 2200 membres, on ne compte que 115 survivants.
L’épave du Bismarck est découverte par l’océanographe Robert Ballard le 8 juin 1989 (48 ans après son naufrage) par 4800 mètres de fond au large des côtes françaises. Le scientifique avait découvert l’épave du Titanic quatre ans plus tôt.
5. Son sister-ship : le Tirpitz
Le Bismarck est le premier des deux cuirassés allemand à entrer en service. En avril 1941, il est prévu que le Tirpitz : sister-ship du Bismarck (alors en phase de finitions), rejoigne son jumeau dans l’Atlantique. Malheureusement, les travaux d’achèvement s’avérèrent plus long que prévu et le Tirpitz ne put défendre le Bismarck lors de son combat dans l’Atlantique.
Véritable menace pour la puissance navale britannique, le cuirassé réalisera des missions dans les mers du nord afin de couler les convois d’armement à destination de l’URSS. Suite à la perte du Bismarck, il fut décidé de ne pas engager le navire dans l’Atlantique. La perte du vaisseau aurait été désastreuse pour Hitler.
Après avoir servi d’épouvantail pour les convois de l’Arctique, le Tirpitz est transformé en forteresse flottante dans un fjord au nord de la Norvège. Victime d’une attaque sous-marine, le Tirpitz subit des dégâts importants nécessitant plusieurs mois de réparations.
Le cuirassé est attaqué par la Royal Air Force le 12 novembre 1944. Une pluie de bombes perforantes s’abat sur le Tirpitz. Touché dans une soute de munition, le bâtiment chavire dans le fjord. La carcasse du navire sera détruite par les Norvégiens après la guerre.